Happy new year bébé (Partie 1)
Ilona Simmons tire ses cheveux blonds en une queue de cheval parfaite et examine son reflet dans le miroir. Mince, yeux bleus et silhouette élancée, tout est normal. Ce qui l’est moins, ce sont ces grands cernes mauves sous ses yeux. Pourtant, elle dort la nuit, et pas qu’un peu ! Elle s’effondre sur son matelas à 20 heures pour se lever difficilement à 7 heures le lendemain. Et ce, depuis plus d’une semaine.
Elle sort, emmitouflée dans sa grosse veste d’hiver et son écharpe. Elle se dirige vers la paroisse, frigorifiée. Elle s’est inscrite avant Noël pour aller rendre service au pasteur avec d’autres lycéens, elle en est quasi à le regretter à cause de son manque de sommeil ; elle paierait cher pour être encore dans son lit à ce moment-là !
Elle arrive juste à l’heure et s’assied à la hâte sur une chaise, essayant de ne pas se faire remarquer.
-Tu vas finir par être en retard.
Se débattant pour enlever sa veste, elle fusille du regard sa voisine de droite (ce qui est inutile, car ses beaux yeux bleus ne font jamais peur à personne), le pasteur se lève pour commencer la séance d’information.
-Bonjour. Je suis assez pressé au niveau du programme, alors on va faire rapidement les présentations : voici Nolwenn Foster, qui a déménagé ici il y a…?
-Deux jours.
Une nouvelle ? Ilona l’a complètement loupée ! Sa voix, venant d’un côté de la salle, est grave et bien posée, assurée. Ilona fronce les sourcils et se penche pour essayer de la repérer parmi le groupe de jeunes, car il lui semble l’avoir déjà entendue quelque part.
La peau mate, des yeux noirs insondables, une présence bien marquée et une haute stature, Nolwenn a tout le bas du visage recouvert de tatouages noirs qui s’arrêtent sur ses joues et passent même sur ses lèvres.
Notre blonde préférée a un sursaut en la voyant : est-elle un loup-garou ? Elle n’oserait pas aller le lui demander, ça ne se fait pas ! Et elle est peut-être seulement humaine, n’importe qui peut se faire tatouer.
Nolwenn pose son regard calme sur elle et la transperce de ses yeux acérés.
-Mademoiselle Simmons ? On ne dévisage pas les gens de cette manière.
L’intéressée fait volte-face, cramoisie, et tout le monde éclate de rire -sauf la nouvelle.
Elle va me prendre en grippe direct, songe Ilona.
Les travaux que leur confie le pasteur sont simples, pourtant la journée se déroule bizarrement. Ilona sent toujours Nolwenn l’observer, et quand elle se tourne pour vérifier, l’autre la dévisage sans gêne. Elle ne se montre pas très amicale avec les personnes qui l’abordent ; elle ne répond que par onomatopées et ne sourit pas, ne semblant pas vouloir se lier aux jeunes.
Être fixée ainsi pendant des heures est assez éprouvant, Ilona est vachement contente de retourner à la maison. Une fois au chaud dans l’entrée, elle pousse un long soupir.
-Ilona ? l’appelle sa mère. C’est toi ? On est dans la cuisine ! Rejoins-nous.
Nous ? Qui nous ? Il y a une visite surprise ?
-J’te raconte pas la journée que j’ai eue, soupire Ilona en traversant le couloir. On a…
Elle se fige sur le seuil. Nolwenn est assise en face de sa mère, une tasse de café à la main.
-Ton amie voulait te parler alors je l’ai laissée entrer pour papoter. Je ne savais pas que tu correspondais avec elle depuis si longtemps !
Ilona, la bouche ouverte, hésite à dire la vérité pour que sa mère vire cette intruse de la maison, mais une chose la décourage rapidement. Nolwenn se tourne vers elle avec une lenteur calculée et soulève le pan de son long manteau, dévoilant un couteau de chasse dans son fourreau.
-Tu ne lui as pas parlé de moi? dit-elle dans un sourire. C’est pas cool ça… On a mangé ensemble la semaine passée pourtant, et on s’échange des mails depuis des mois.
Ilona ne sait pas ce que cette fille veut, mais apparemment elle a envie de jouer à la meilleure copine. Nolwenn risque de les empaler si elle nie, ou pire !
-Franchement, quand elle a sonné à la porte avec tous ses tatouages je me suis dit : « Mais qui est cette grande perche ?! »
-Oui, marmonne Ilona. Au premier abord, on peut se méprendre. C’est une fille très… surprenante.
Et plus rapide qu’elle ! Ilona s’est dépêchée de rentrer, mais Nolwenn l’a devancée, et de beaucoup vu qu’elle a eu le temps de boire un café avec sa mère.
-On a des devoirs de vacances à terminer, annonce soudain la grande fille, dépliant son immense corps en se levant.
-Bien sûr, travaillez bien les filles !
La géante chope Ilona par le coude et la traîne à l’étage en lui faisant signe de se taire, un doigt sur les lèvres. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Est-ce une simple détraquée ? Ou une ennemie de Nathan qui veut s’en prendre à la famille d’Ilona ?
Elle pousse cette dernière dans sa propre chambre et s’enferme avec elle.
-T’es plus coopérative que ce que j’pensais.
-Qu’est-ce que tu me veux ? Me tuer ?
Elle se laisse tomber sur le lit et -oh miracle !- sourit.
-C’est difficile à croire, mais je suis là pour te protéger.
-Bien sûr…
-Je suis une louve. Tu l’as tout de suite deviné, non ? Je suis une amie de Nathan.
-Comment pourrais-je te croire ?
-Je ne m’appelle pas Nolwenn, mais Ursula.
Ilona ouvre de grands yeux. Évidemment ! C’est pour ça qu’elle reconnaissait sa voix, elle l’a entendue dans la clairière il y a une semaine.
-Toi ! Tu es horrible, tu étais prête à me sacrifier pour attraper le vampire !
-Nathan mérite mieux… et il doit se concentrer sur son job, pas s’enticher d’une bête humaine.
-Il n’y a pas de niveau au-dessus de chasseur !
La louve hausse un sourcil, étonnée que cette pauvre fille sache ça.
-Non, admet-elle. C’est vrai.
-Pourquoi es-tu entrée comme ça chez moi et m’as-tu menacée avec un couteau ?
-Je n’aurais jamais blessé ta mère, t’inquiète. Pas seulement parce qu’elle est amusante, mais parce que je savais que tu m’obéirais si je te faisais peur. Je ne voulais pas que tu crées de scandale, c’est pour ça que j’ai recouru à cette méthode.
-Il y une chose que je ne comprends pas…
-Ça ne m’étonne pas venant de toi.
-… pourquoi tu joues les gardes du corps ? termine Ilona en la fusillant du regard.
La louve inspire profondément avant de répondre, choisissant bien ses mots :
-Le vampire qui t’a mordu… était très vieux et puissant. Il se trouve que sa salive peut te transformer en goule n’importe quand.
-En QUOI ?!
-Pchhhhhht ! Moins fort !
-Maismaismais… je veux pas devenir une… une goule ! (La blondinette se fige.) Qu’est-ce que c’est d’ailleurs ?
Ursula hésite, sentant que l’autre risque de péter un câble en apprenant la vérité.
-Un genre de… de zombie qui…
-PARDON ?! Quelle horreur !
-Silence !
-J’aime pas les zombies ! C’est dégueu et ça me donne des cauchemars !
-Att…
-J’adore ma vie ! Je veux pas dévorer des gens et devenir…
-Putain ! Laisse-moi terminer mes explications, merde !
Ilona la regarde d’un air paniqué et se mord la lèvre, au bord des larmes.
-Tu es ici pour protéger les autres de moi, hein ?
-Aussi oui. Mais principalement pour veiller sur toi. Nathan dit que tu as besoin d’être aidée si d’autres vampires veulent s’en prendre à toi.
-Oh my god.
-Il faut que je te suive 24h sur 24, car d’imperceptibles changements peuvent indiquer une transformation imminente.
-Bouhouhou… (Ilona percute ce que la louve vient de lui dire.) Attends, quoi ? 24h sur 24 ?
-Je dois rester dormir avec toi.
-Oh, mais bien sûr, ironise Ilona. Je vais faire passer en douce une louve de deux mètres pendant la nuit et la faire dormir sur le canapé du sa…
Elle s’interrompt au milieu de sa phrase, dévisageant Ursula comme si elle venait de comprendre les lois de l’univers tout entier.
-Quoique… Oui, ça peut passer.
-Hein ?
-Vu que t’as déjà charmé ma mère… je vais lui demander si tu peux rester dormir.
-Madame Simmons est plutôt sympathique pour une humaine… quel dommage qu’elle ait une fille telle que toi.
-Occupe-toi de ta propre mère, OK? Laisse la mienne tranquille.
-Mes parents ont été tués quand j’avais cinq ans.
Ilona se fige, la main sur la poignée, et bafouille :
-Je… excuse-moi.
L’autre hausse les épaules d’un air détendu.
-Tu ne savais pas. Bon, alors je peux m’installer ?
-Je vais lui demander pour ce soir, elle devrait être d’accord. Mais je ne te veux pas ici pendant dix ans, trouve-toi un autre endroit pour dormir !
-Ouais, ouais.
Elle s’allonge sur le lit d’Ilona et joue sur son portable. Pas gênée…
La blondinette dévale les escaliers, une boule dans la gorge. Ursula la déteste, mais elle n’a rien fait pour ça. Elle sort simplement avec Nathan ! On dirait que pour un loup, être avec un humain c’est la dèche.
-Maman ? Ursu… euh, Nolwenn peut-elle rester ici cette nuit ?
-Bien sûr. Je m’en doutais, j’ai déjà rajouté un couvert.
-T’es la best. Ci-mer, rit-elle en collant un bisou sur la joue de sa mère.
Elles montent au grenier pour prendre un matelas. Quand Ursula les voit entrer avec, elle bondit du lit et les aide immédiatement. Une fois la mère de famille partie, les deux jeunes filles font le lit.
-Comment tu connais Nathan ?
La louve lui accorde à peine un regard.
-La soeur de son père m’a adoptée.
-Waouh. Ça fait perpèt’.
-Ouais.
-Et vous êtes amis depuis ?
-Ouaich.
-Alors pourquoi ne supportes-tu pas qu’il soit avec moi ? Tu es jalouse ?
Ursula se redresse en soupirant et s’étire.
-Non. Mais franchement, une pauvre humaine blonde pleurnicharde… il aurait pu choisir mieux.
-La dernière fois, tu as parlé de filles qui tueraient pour lui, l’interroge Ilona, ignorant l’insulte.
-Oui, car il est fort, beau et intelligent. Il pourrait être l’alfa d’une grande meute, quand il aura cinq-six ans de plus, j’en suis sûre. Se trimballer avec toi va ruiner ses chances.
-Tu méprises les humains.
Ça n’est pas une question… elle a cerné Ursula. Elle les considère comme des choses faibles, fragiles et bêtes à bouffer du foin.
-SOUPER !
Ursula ôte son manteau et Ilona rage en voyant son corps parfaitement proportionné, moulé dans un top noir. Cette louve ne semble ni dégingandée ni mal à l’aise dans son grand corps.
Jalousie, jalousie…
La grande louve fait sensation en pénétrant dans la salle à manger. Elle dépasse le père d’Ilona d’une bonne tête. Jenna se redresse sur sa chaise, le cadet ouvre de grands yeux et l’aînée retient un mouvement de recul.
-Je suis navrée de m’incruster…
-Non! C’est un plaisir de connaître les amis de nos enfants. Installe-toi à côté de Ben.
Ce dernier a la bouche un peu ouverte.
Ursula s’attaque au poulet préparé par madame Simmons et mange de bon coeur. Les autres se mettent à raconter leur journée, tentant de ne pas dévisager l’invitée comme une curiosité touristique :
-Tu te rends compte que Lola m’a demandé pourquoi je ne sors avec personne ! se plaint Jenna. Non mais franchement, quelle idiote !
-Bah… pourquoi ? interroge Ursula, mettant bien les pieds dans le plat.
Ilona serre les lèvres; et c’est repartiiiiiii. La complainte de la cadette « lourdingue-et-inconsolable » sur le petit copain disparu.
-Tu vois Nolwenn… mon petit ami a été enlevé le jour d’Halloween. Il y avait son sang sur la moquette de l’entrée.
-Ça a mis une semaine à partir, marmonne Ilona.
-Il a sûrement été victime d’un enlèvement, gémit la cadette en enfouissant son visage dans ses mains. Oh mon dieu! Pauvre, pauvre Steve!
-Moi je me suis fait assommer, tout le monde s’en fout apparemment.
-Le monde ne tourne pas autour de toi Ilona ! s’écrie sa sœur.
Ilona en a le souffle coupé. Quoiquoiquoi ? Elle égoïste ? Sa soeur n’inversait pas un peu les rôles ?
-Tu penses pas que ton mec s’est fait la malle ?
Ilona éprouve un soudain élan de sympathie pour la louve.
-Attends, fait Ursula en fronçant les sourcils. Il s’appelle Steve ?
-Ouais. Et?
Le regard de la louve-garou devient pensif, tandis qu’elle coule un regard vers Ilona. A-t-elle déjà croisé le jeune loup ? Nathan lui a-t-il raconté quelque chose sur son compte ? Car Steve a créé des problèmes en refusant de se rendre à Yukon pour suivre sa formation et Nathan a dû venir le chercher par la peau des fesses.
Enfin, il l’a poignardé et ficelé comme un saucisson pour pouvoir ensuite le kidnapper.
-Nolwenn, ton appétit fait plaisir à voir! rigola la mère en voyant la louve saucer le plat. Mes filles veulent toutes ressembler à des mannequins, ha ha ha!
-Ah ouais Ilo? ricane la goinfre en se léchant le pouce. Moi j’ai toujours une faim de loup ! Tu fais un régime pour plaire à ton petit copain peut-être ?
-J’en ai pas, nie l’autre.
-Tu dis que c’est un pote, mais personne n’est dupe, fait Jenna. Tu as traîné deux jours avec la semaine passée !
-Il n’empêche que c’est mon ami.
-Tu n’oses même pas nous le présenter.
-Il ne veut voir personne. Et si je mange peu, c’est parce que je n’ai pas faim.
Depuis une semaine elle pouvait se contenter d’un repas par jour, sinon elle avait une sensation d’écoeurement qui ne la quittait plus.
-Fais attention à ne pas perdre encore plus. Tu as presque l’air malade, s’inquiète sa mère.
Ilona pose sa fourchette et monte dans sa chambre avec Ursula.
-Ai-je gaffé avec Nathan ? Tu n’as pas parlé de lui avec ta famille ?
-Il ne le souhaitait pas.
-Ah ? Et tu lui obéis ?
-Je pense avant tout à son anonymat. Puis mon dernier petit copain voulait aussi garder notre relation secrète alors j’ai l’habitude.
-Steve. Nathan m’a parlé de ton ex, il le déteste. Mais comment se fait-il que ta soeur soit sortie avec ? Je n’ai pas tout suivi.
-Il était avec nous deux en même temps, sauf que nous n’étions pas au courant. Je m’en suis rendu compte après avoir rompu. J’ai renoncé à en parler à Jenna, c’est qu’une gamine écervelée.
Ursula semble songeuse.
-C’est une garce ouais.
Ilona s’assied sur son lit, à côté de l’immense louve, pour qui tout paraît simple dans la vie.
-T’as bien cerné le personnage, ouais.
-Tu sais que même avant de t’avoir rencontrée, Nathan me saoulait avec sa nouvelle petite copine ?
-Comment ça?
-Je pensais que c’était une louve. D’habitude il n’en parle pas, et elles se succèdent rapidement. Mais là il me vantait ton courage et le fait que tu lui tiennes tête.
-Vraiment ?
-Ne m’oblige pas à te le dire deux fois…
-On dirait pourtant qu’il me considère comme une quantité négligeable. Il me donne rarement de ses nouvelles.
-Sérieux ? T’as son numéro ? Il le donne jamais. (Ilona ouvre de grands yeux, étonnée.) Tu comptes pour lui, tu passes avant son boulot – ça m’agace d’ailleurs – ce qui n’est jamais arrivé non plus. Il a réellement paniqué quand il t’a vue prisonnière du vampire.
Ilona sourit, ravie d’entendre un des proches de son amoureux lui dire de telles choses, malheureusement Ursula n’a pas fini.
-Je vois pourtant que tu ne mesures pas l’étendue de la force d’un loup-garou. Quand nous commettons un meurtre, il est difficile de ne pas céder à l’odeur du sang et de se précipiter sur une autre victime pas loin pour la liquider.
C’était pour ça qu’après avoir poignardé Steve, Nathan s’est mis à traquer Ilona dans la rue pour la plaquer contre un mur? En réalité il a, l’espace d’une seconde, essayé de la…
-Il voulait me tuer.
-Quoi ?
-La première fois que je l’ai rencontré, il a failli me trucider, après avoir blessé mon ex avec une arme.
-Oh.
Silence embarrassé, ni l’une ni l’autre ne sait quoi dire. Ursula se demande à présent si Ilona n’est pas un peu dérangée et se promet de ne pas trop lui faire confiance. Quel genre de nana est capable de sortir avec un mec qui a tenté de la tuer !?
Elles vont se doucher tour à tour et s’endorment sans plus parler.
Mais dès que le souffle de Ursula devient plus léger, qu’un discret ronflement s’élève de ses lèvres et que toute la maisonnée est enfin silencieuse, Ilona ouvre les yeux.
Elle se lève, en short et en top, les cheveux attachés en une queue de cheval lâche et les pieds nus. Elle ouvre son placard, enlève une des planches au sol grâce à un stylo et en sort un long imperméable noir taché et des baskets de la même couleur, qu’elle enfile.
Elle entrouvre la porte et descend les escaliers sur la pointe des pieds avec une discrétion absolue. Elle sort dans le froid après avoir ouvert la porte puis s’en va. Elle court de rue en rue, puis arrive au centre-ville en trois minutes, alors qu’elle n’y parvient qu’en vingt pendant la journée.
Elle s’immobilise au coin d’une rue, guettant qui elle va pouvoir attaquer. Elle attend, accroupie, pendant près d’une demi-heure, pour enfin voir une femme d’une trentaine d’années sortir d’un bar, saoule.
Elle ne bouge pas, le coeur accélérant à l’idée du goût du sang de l’autre dans sa bouche. Sa peau ferme, son pouls lent et ce liquide chaud, circulant dans tout son système sanguin…
Quand elle dépasse Ilona, la femme n’a aucune chance : se redressant sans bruit, bondissant comme un diable hors de sa boîte, la jeune blonde la renverse et la plaque au sol avec une force surhumaine et plonge deux canines effilées dans sa gorge. La femme ne peut hurler, car la main d’Ilona la bâillonne.
En deux minutes à peine, tout le sang est drainé. Ilona contemple son manteau et ses mains humides et sales. Merde, le soleil se lève dans un quart d’heure et il faut encore qu’elle se lave. Elle abandonne le cadavre à même le trottoir sans même un regard en arrière.
Retourner à la maison lui prend cinq minutes. Elle cache ses vêtements souillés sous les planches du placard et, jurant secrètement à cause de la louve qui a mis trois plombes à s’endormir et qui va se réveiller d’ici pas longtemps, s’enferme dans la salle de bain. Elle lave ses mains au savon doux, mais frotte vigoureusement, provoquant des rougeurs sur sa peau. Elle se rince dix fois le visage en quatrième vitesse. Elle crème son corps pour couvrir toute odeur de sang et s’enfile sous les couvertures avant que Ursula n’ouvre les yeux.