Salut à tous !
Pour vous souhaiter à tous une excellente nouvelle année 2023, voici un extrait exclusif du tome 3 de Tim et Wes, qui est en cours d’écriture.
À tout bientôt^^
Emma B. Thyste
~ ~ ~
Quelques jours avant Noël…
J’ai la tête dans le brouillard. Je sirote mon verre d’alcool en observant Pete danser la Kalinka avec un mec des RH. Je glousse. Il a paumé une chaussure et il a noué sa cravate autour du front, il a l’air parfaitement stupide !
Il faut dire qu’il est passablement éméché… Moi aussi d’ailleurs. Je donne juste mieux le change : je reste assis, je bois, mais reste droit, j’observe les gens d’un œil vif et n’ouvre surtout pas la bouche pour éviter de dire des conneries. Depuis l’adolescence, c’est-à-dire plus ou moins le moment où j’ai découvert les joies de la boisson, j’adore me saouler, mais pas passer pour un abruti. J’aime quand ma tête se met à tourner et me sentir léger, mais je déteste perdre le contrôle. Je bois moins qu’à l’époque du lycée maintenant, je suis un adulte, je n’ai plus besoin de me noyer dans la bibine pour me sentir vivant –mais là c’est la première fois depuis longtemps et je sens que j’ai peut-être été un peu loin…
Bonsoir. Je m’appelle Dave Finnegan, vous vous souvenez de moi ? Directeur du service financier d’une grosse compagnie d’assurance, un mètre nonante-cinq de muscles et de puissance, une voiture flambant neuve et un petit côté borderline qui plaît beaucoup aux femmes… Non, je ne suis pas un mec qu’on peut qualifier de modeste, pas vraiment. (Mais bon, la modestie n’a pas sa place dans les affaires !)
Je me sers un autre verre, que je me mets à boire. Là, maintenant, je suis au réveillon de Noël organisé par ma boîte. Tous les ans nos patrons louent un restaurant et paient un repas pour tous leurs employés à la fin de l’année. Tout le monde ne vient pas, mais nous sommes nombreux, la moitié de l’entreprise est là. La plupart des personnes présentes sont les célibataires, ceux qui n’ont pas encore de famille, les autres sont chez eux avec leurs femmes, maris, enfants, veaux, vaches, cochons…
Je digresse.
Julian est resté à mon appart. Je lui ai proposé de venir, mais il a un petit côté asocial parfois. Et surtout, il boude. Il m’en veut parce que je le force à revenir dans notre ville natale pour les fêtes de Noël, et il appréhende énormément de remettre les pieds à Littleville.
Je pose mon verre et continue à fixer Pete. Rob n’est pas là aujourd’hui, pas plus qu’Anton. Je tapote la table du bout de l’index.
Lequel de ces trois est le connard qui m’a poussé en bas les escaliers ?
Cela fait presque un mois depuis mon « accident » et je n’ai toujours pas la moindre idée duquel de ces trois hommes pourrait être le coupable. Ça m’agace.
Je réalise soudain qu’une paire d’yeux pèse sur moi. Je relève la tête et croise le regard d’Ulrich, qui me fixe. Je lui adresse un sourire moqueur, il se détourne et poursuit sa conversation avec son « grand ami », le big boss de la compta.
Je ricane et me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Cet abruti d’Ulrich cherche sans arrêt à me prendre en faute. Il ne m’apprécie pas ; à chaque fois que nous sommes dans une même pièce, je le surprend qui m’observe. Il a toujours les sourcils froncés, lorsqu’il s’adresse à moi il se contente du strict minimum et je crois qu’il m’ignore parfois quand on se croise dans les couloirs pour ne pas avoir besoin de me saluer.
Soyons clair, son attitude ne me fait ni chaud ni froid, je n’en ai rien à branler que ce type ne puisse pas m’encadrer… mais je me demande jusqu’où va son animosité. Il est agacé par mon arrogance et mon ascension fulgurante au sein de la boîte. Est-ce qu’il m’en voudrait au point de me donner un coup entre les omoplates pour me faire dégringoler dans une cage d’escalier ?
Quelqu’un s’assied sur la chaise vide à côté de moi, me sortant de mes réflexions cyniques. Je dévisage la fille de l’accueil –merde, comment elle s’appelle déjà ?– et elle me sourit d’un air timide. Elle a les joues rouges, probablement à cause du vin, ses yeux sont brillants.
-Bonsoir, monsieur Finnegan, me dit-elle.
-Bonsoir, je lâche.
-Vous ne vous ennuyez pas trop tout seul ? demande-t-elle. Je peux vous tenir compagnie si vous voulez.
Je hausse les épaules, lui signifiant que ça m’est égal, elle conserve son sourire.
Buvant à nouveau, je lui jette un regard en coin. Elle observe les gens dans la salle. Je pensais qu’elle venait pour m’abrutir avec ces discours stériles dont les meufs ont le secret, mais elle reste silencieuse. Elle a l’air toute sage, avec son cardigan pastel et sa longue jupe. Presque chaste. Elle se tient toute droite, les genoux serrés et elle garde ses mains croisées sur ses cuisses… Qu’est-ce que je lui avais trouvé à l’époque pour coucher avec elle ?
Je me mets à la regarder plus attentivement. Elle est timide, petite… Je me rappelle que ses cheveux sentaient bons, qu’elle portait une culotte et un soutien-gorge blancs en dentelle, la fois où on avait baisé. Elle avait eu l’air très choquée quand je lui avais fait des avances, mais, en même temps, on aurait dit qu’elle attendait ça depuis longtemps.
Sous mon regard insistant, ses joues rosissent de plus belle et bientôt ses oreilles deviennent écarlates. J’esquisse un sourire carnassier et tend la main vers son visage. Elle continue à fixer les gens droit devant elle, j’effleure sa joue du bout de mon index, ainsi que le coin de ses lèvres.
Elle se tourne légèrement vers moi, son souffle est court, sa poitrine se soulève et s’abaisse vivement, faisant gonfler ses petits seins. Ses yeux brillants lui donnent un air fiévreux.
Elle darde sa langue hors de sa bouche et effleure mon index, que je n’ai pas bougé.
Mon sourire s’accentue.
Je la plaque contre le mur, elle gémit et m’embrasse. Je ne m’embarrasse pas de préliminaires, je passe ma main sous son cardigan et saisis son sein pour le presser. Elle retient un petit cri, mais ne proteste pas, se laissant faire. Elle s’agrippe à mon cou d’une main et de l’autre elle entreprend de défaire ma ceinture.
Bon sang, ça fait tellement longtemps que j’ai pas baisé une nana… Depuis ce printemps, je crois bien. La vache, ça fait si loin que ça ?
Serrant sa hanche, je fronce les sourcils. Elle est vachement menue, mince, je n’avais pas réalisé en la voyant. C’est vrai que les femmes, c’est assez fragile, j’avais oublié. Avec Julian, je peux me laisser aller, il a les reins solides, il encaisse, j’ai même plutôt l’impression qu’il aime quand je me lâche.
Je sens le corps de cette fille contre moi, je suis déjà dur, mais… je ne suis pas satisfait. J’ouvre les yeux. T’es saoul mon pauvre Dave. Tu es en train de déconner là.
Y’a rien de plus naturel que ça. Un homme. Une femme.
Un homme…
-Meredith.
Elle lève un regard surpris sur moi en réalisant que je viens de reculer d’un pas. Elle me dévisage, incrédule.
-Dave ? Qu’y a-t-il ?
Je la maintiens à distance, posant ma main sur son épaule.
-Meredith… Je suis complètement bourré là… Je crois que j’étais sur le point de commettre une grosse erreur.
Elle semble étonnée. Je me tourne et ouvre la porte du placard dans lequel nous venons d’entrer.
-Mais… s’exclame-t-elle, ne comprenant plus rien.
-Bonne fin de soirée, je lâche en m’en allant à grands pas.
Titubant un peu, je récupère mon manteau et me dirige vers la sortie.