Bonjour et joyeux Noël à tous,
J’espère que cette fin d’année s’est bien passée pour vous ! Pour ma part, je viens de commencer un nouveau travail et j’ai dû ajuster mon planning d’écriture en conséquence. Je ne pourrai donc pas finaliser et publier le tome 3 de Tim et Wes début 2025, comme je l’avais initialement prévu. Il va falloir attendre encore un peu…
Mais, j’ai une bonne nouvelle ! Pour vous aider à patienter, je partage ci-dessous le prologue du tome 3, en avant-première. J’avais posté un extrait en janvier 2023, mais là, il s’agit du chapitre complet ! (Attention, passages explicites XD)
En espérant que ça vous plaise, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année, et vous dis à bientôt 🙂
Emma B. Thyste
* * *
Tim et Wes 3 – Prologue
Quelques jours avant Noël…
J’ai la tête dans le brouillard. Je sirote mon verre d’alcool en observant Pete danser la Kalinka avec un mec des RH. Je glousse. Il a paumé une chaussure et il a noué sa cravate autour du front, il a l’air parfaitement stupide !
Il faut dire qu’il est passablement éméché… Moi aussi d’ailleurs. Je donne juste mieux le change : je reste assis, je bois, mais reste droit, j’observe les gens d’un œil vif et n’ouvre surtout pas la bouche pour éviter de dire des conneries. Depuis l’adolescence, c’est-à-dire plus ou moins le moment où j’ai découvert les joies de la boisson, j’adore me saouler, mais pas passer pour un abruti. J’aime quand ma tête se met à tourner et me sentir léger, mais je déteste perdre le contrôle. Je bois moins qu’à l’époque du lycée maintenant, je suis un adulte, je n’ai plus besoin de me noyer dans la bibine pour me sentir vivant –mais là c’est la première fois depuis longtemps et je sens que j’ai peut-être poussé le bouchon un peu loin…
Bonsoir. Je m’appelle Dave Finnegan, vous vous souvenez de moi ? Directeur du service financier d’une grosse compagnie d’assurance, un mètre nonante-cinq de muscles et de puissance, une voiture flambant neuve et un petit côté borderline qui plaît beaucoup aux femmes… Non, je ne suis pas un mec qu’on peut qualifier de modeste, pas vraiment. (Mais bon, la modestie n’a pas sa place dans les affaires !)
Je me sers un autre verre, que je me mets à boire. Là, maintenant, je suis au réveillon de Noël organisé par ma boîte. Chaque fin d’année, nos patrons louent un restaurant et paient un repas pour leurs employés. Tout le monde ne vient pas, mais nous sommes nombreux, la moitié de l’entreprise est là. La plupart des personnes présentes sont les célibataires, ceux qui n’ont pas encore fondé de famille ; les autres sont chez eux avec leurs femmes, maris, enfants, veaux, vaches, cochons…
Je digresse.
Julian est resté à mon appart. Je lui ai proposé de venir, mais il a un petit côté asocial parfois. Et surtout, il boude. Il m’en veut parce que je le force à revenir dans notre ville natale pour les fêtes de Noël, et il appréhende énormément de remettre les pieds à Littleville.
Je pose mon verre et continue à fixer Pete. Rob n’est pas là aujourd’hui, pas plus qu’Anton. Je tapote la table du bout de l’index.
Lequel de ces trois est le connard qui m’a poussé en bas les escaliers ?
Cela fait presque un mois depuis mon « accident » et je n’ai toujours pas la moindre idée duquel de ces trois hommes pourrait être le coupable. Ça m’agace.
Je réalise soudain qu’une paire d’yeux pèse sur moi. Je relève la tête et croise le regard d’Ulrich, qui me fixe. Je lui adresse un sourire moqueur, il se détourne et poursuit sa conversation avec son « grand ami », le big boss de la compta.
Je ricane et me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Cet abruti d’Ulrich cherche sans arrêt à me prendre en faute. Il ne m’apprécie pas ; à chaque fois que nous sommes dans la même pièce, je le surprends qui m’observe. Il a toujours les sourcils froncés, lorsqu’il s’adresse à moi il se contente du strict minimum et je crois qu’il m’ignore parfois quand on se croise dans les couloirs pour ne pas avoir besoin de me saluer.
Soyons clair, son attitude ne me fait ni chaud ni froid, je n’en ai rien à branler que ce type ne puisse pas m’encadrer… mais je me demande jusqu’où va son animosité. Il est agacé par mon arrogance et mon ascension fulgurante au sein de la boîte. Est-ce qu’il m’en voudrait au point de me donner un coup entre les omoplates pour me faire dégringoler dans une cage d’escalier ?
Quelqu’un s’assied sur la chaise vide à côté de moi, me sortant de mes réflexions cyniques. Je dévisage la fille de l’accueil –merde, comment elle s’appelle déjà ?– et elle me sourit d’un air timide. Elle a les joues rouges, probablement à cause du vin, ses yeux sont brillants.
-Bonsoir, monsieur Finnegan, me dit-elle.
-Bonsoir, je lâche.
-Vous ne vous ennuyez pas trop tout seul ? demande-t-elle. Je peux vous tenir compagnie si vous voulez.
Je hausse les épaules, lui signifiant que ça m’est égal, elle conserve son sourire.
Buvant à nouveau, je lui jette un regard en coin. Elle observe les gens dans la salle. Je pensais qu’elle venait pour m’abrutir avec ces discours stériles dont les nanas ont le secret, mais elle reste silencieuse. Elle a l’air toute sage, avec son cardigan pastel et sa longue jupe. Presque chaste. Elle se tient toute droite, les genoux serrés et elle garde ses mains croisées sur ses cuisses… Qu’est-ce que je lui avais trouvé à l’époque pour coucher avec elle ?
Je me mets à la regarder plus attentivement. Elle est timide, petite… Je me rappelle que ses cheveux sentaient bons, qu’elle portait une culotte et un soutien-gorge blancs en dentelle, la fois où on avait baisé. Elle avait eu l’air très choquée quand je lui avais fait des avances, mais, en même temps, on aurait dit qu’elle attendait ça depuis longtemps.
Sous mon regard insistant, ses joues rosissent de plus belle et bientôt ses oreilles deviennent écarlates. J’esquisse un sourire carnassier et tend la main vers son visage. Elle continue à fixer les gens droits devant elle. J’effleure sa joue du bout de mon index, ainsi que la commissure de ses lèvres.
Elle se tourne légèrement vers moi, son souffle est court, sa poitrine se soulève et s’abaisse vivement, faisant gonfler ses petits seins. Ses yeux brillants lui donnent un air fiévreux.
Mon sourire s’accentue.
Je la plaque contre le mur, elle gémit et m’embrasse. Je ne m’embarrasse pas de préliminaires, je passe ma main sous son cardigan et saisis son sein pour le presser. Elle retient un petit cri, mais ne proteste pas, se laissant faire. Elle s’agrippe à mon cou d’une main et de l’autre elle entreprend de défaire ma ceinture.
Bon sang, ça fait tellement longtemps que j’ai pas baisé une gonzesse… Depuis ce printemps, je crois bien. La vache, ça fait si loin que ça ?
Serrant sa hanche, je fronce les sourcils. Elle est vachement menue. Flute, je n’avais pas réalisé en la voyant. C’est vrai que les femmes, c’est assez fragile, j’avais oublié. Avec Julian, je peux me laisser aller, il a les reins solides, il encaisse, j’ai même plutôt l’impression qu’il aime quand je me lâche.
Je sens le corps de cette fille contre moi, je suis déjà dur, mais… je ne suis pas satisfait. J’ouvre les yeux. T’es saoul mon pauvre Dave. Tu es en train de déconner là.
Y’a rien de plus naturel que ça. Un homme. Une femme.
Un homme…
-Meredith.
Elle lève un regard surpris sur moi en réalisant que je viens de reculer d’un pas. Elle me dévisage, incrédule.
-Dave ? Qu’y a-t-il ?
Je la maintiens à distance, posant ma main sur son épaule.
-Meredith… Je suis complètement bourré là… Je crois que j’étais sur le point de commettre une grosse erreur.
Elle semble étonnée. Je me tourne et ouvre la porte du placard dans lequel nous venons d’entrer.
-Mais… s’exclame-t-elle, ne comprenant plus rien.
-Bonne fin de soirée, je lâche en m’en allant à grands pas.
Titubant un peu, je récupère mon manteau et me dirige vers la sortie.
Je suis en train de regarder une série sur mon ordinateur portable, assis dans le lit king size de Dave. Écouteurs vissés dans les oreilles, je me tamponne les yeux avec un mouchoir.
-Putain, je pensais pas que ce sitcom était aussi drôle ! Quelle bande de geeks…
Mon natel émet un léger bruit, je mets la vidéo sur pause. Je consulte l’écran, apparemment on m’invite à un chat sur l’application que je viens d’installer. J’hésite, tiraillé, le pouce suspendu au-dessus de l’invitation. Qu’est-ce qui me retient ? Je ne fais rien de mal…
Le bruit de la clé dans la serrure me fait sursauter, je m’empresse de verrouiller mon smartphone et le pousse loin de moi, sur la table de nuit. Je remets en route mon sitcom (téléchargé en toute légalité sur internet, bien évidemment !) et fais comme si de rien n’était.
La porte s’ouvre… et claque bruyamment. Des pas lourds se font entendre, je hausse un sourcil. Ça ne ressemble pas à Dave de marcher aussi pesamment, qu’est-ce qui lui arrive ?
Il émerge du salon, se retenant au mur pour ne pas tomber. J’écarquille les yeux, stupéfait. Ma parole, il est rond ! Rond comme une queue de pelle ! J’ôte mes écouteurs.
-Bon sang, t’es bourré ? je fais.
-Nan… Nan, pas du tout.
Il lâche un hoquet, me fusillant du regard. À l’instant où le doute m’effleure, il se met à glisser lentement contre le mur jusqu’au sol. Son expression reste sérieuse, il ne me quitte pas des yeux, imperturbable.
Je branle la tête, retenant un sourire amusé. Il est fin cuit ! ça fait un moment que je ne l’ai pas vu dans cet état. C’était quand la dernière fois ? En terminale, au lycée probablement…
Posant mon ordi sur la table de nuit, je sors de sous ma couette pour aller le relever.
-Ta soirée entre collègues est déjà terminée ? Comment ça s’est passé ? je l’interroge.
-Julian…
-Tu es rentré comment ? je le coupe.
Je passe mon bras sous son aisselle et le soulève sans effort (Dave et moi avons à peu près la même carrure et faisons le même poids.) Je le fais asseoir sur le lit.
-En taxi, dit-il d’une vois neutre.
Je lui jette un coup d’œil amusé, lui retirant son manteau. Quand il buvait trop, à l’époque, il prenait tout à coup un air hyper sérieux pour ne pas montrer qu’il était torché. Apparemment, il n’a pas tant changé !
-Julian, il reprend. Julian, il faudrait que je te dise…
-Tu veux un verre d’eau ? je le coupe. Tu as peut-être la gorge un peu sèche, non ?
Il tangue un peu.
-Oui, volontiers. (Il semble irrité. Je n’y prête pas attention, me rendant à la cuisine pour prendre un verre.) Julian. OH !
Je me fige et me tourne vers lui. Il me jette un regard noir, ayant visiblement perdu patience.
-Quoi ? Qu’y a-t-il ? je fais, haussant les sourcils. (Je fais un pas vers lui.) Tu as quelque chose à me dire ?
Il hoche la tête, sérieux comme un pape et me fait signe d’approcher.
-Viens par ici.
Je m’exécute. Il chope mon t-shirt et me tire à lui. Je me laisse faire, curieux, tandis qu’il se penche vers mon oreille.
-Je suis complétement torché, mec.
Je me retiens de glousser. Quoi, c’est tout ? Quel scoop !
-Heureusement que tu me le dis, je lâche d’un ton aussi neutre que je le peux. Je m’en serais pas rendu compte sinon.
Il acquiesce, les yeux perdus dans le vague, ne lâchant pas mon habit.
-J’te jure, man, je suis… beurré ! Beurré à mort.
-Je te crois, je te crois. (Je lui tapote l’épaule, rieur.) Bon, du coup, tu veux de l’eau pour dessouler ?
-J’ai envie de te la mettre, bien profond.
-Tu… (Je réalise ce qu’il vient de dire.) Attends, quoi !?
-Je veux te baiser toute la nuit, jusqu’à ce que tu n’arrives plus à te lever du lit.
Je cligne des paupières à trois reprises, bouche ouverte. Il fixe toujours le vide, l’air complétement ailleurs. J’ai rêvé ou j’ai bel et bien entendu ce qu’il vient de dire ?
-Dave, je dis lentement. Je vais te coucher, d’accord ? Je vais te déshabiller et tu vas t’allonger pour dormir. Tu te sentiras mieux demain je pense…
Il se tourne enfin vers moi, la lueur dans ses yeux me fait frémir. Qu’est-ce que…
Il me saisit derrière la nuque et me tire à lui. Je veux protester, mais il plaque ses lèvres contre les miennes et me fourre sa langue dans la bouche.
Il ne s’arrête pas en si bon chemin ! Profitant de ma surprise, il me renverse sur le lit et continue son french kiss enflammé.
Lorsqu’il me lâche, assis à califourchon sur moi, et se redresse, se léchant le tour des lèvres. Je suis bouche bée ! Il transpire tellement le péché et la luxure ! Sa chemise est ouverte sur son torse pâle, son regard est trouble et lubrique, ses mains baladeuses, et –oh ciel– il a une trique d’enfer.
J’en ai la tête qui tourne ! Waouh, c’est Noël avant l’heure cette année ou quoi ?
-On baise ? lâche-t-il.
-Euh, ouais, OK, ouais !
-Je rêve de ma queue dans ta bouche, lâche-t-il d’une voix de gorge.
Mon cerveau bugge une seconde. Jamais Dave ne m’a paru aussi excité. En tout cas pas avec moi !
D’habitude il rechigne, il argumente, il accepte de coucher avec moi de mauvaise grâce… il ne me dit presque jamais ce qu’il aime au lit avec moi. On s’envoie souvent en l’air, mais il me répète sans arrêt à quel point c’est une corvée, à quel point il préfèrerait ne pas avoir à le faire. C’est la première fois qu’il se montre aussi spontané et… volontaire ! Enthousiaste même !
-D’accord, je souris, aux anges.
Il me rend mon sourire, un peu embrumé. Il me libère de son poids, je me mets en position assise.
-Appuie-toi contre les coussins, je lui ordonne.
Il m’obéit bien sagement. Je m’allonge entre ses jambes écartées et descends son pantalon, ainsi que son caleçon. Il est dur comme fer…
Dédaignant les préservatifs (nous avons tous deux fais des tests il y a peu pour savoir si nous étions sains), je le prend dans ma bouche tout entier. Je l’enfourne, il soupire d’aise. Prenant garde à recouvrir mes dents avec mes lèvres, j’entame un lent va-et-vient.
Je manque sursauter lorsqu’il passe sa main dans mes cheveux et commence à me caresser la tête. Que… ? Qu’est-ce qu’il lui prend ?! Il ne fait jamais ça d’habitude.
-Oh oui, soupire-t-il d’une voix lascive. Julian… vas-y…
Je continue à m’activer, descendant ma tête et remontant, mais le surveille d’un œil tout en lui faisant sa petite affaire. Je ne l’ai jamais vu aussi désinhibé ! Il garde ses yeux fixés sur moi, se mordant la lèvre inférieure, tout à son plaisir. Je suis vraiment surpris par son attitude –et ravi, je dois bien l’avouer.
Je laisse ma langue remonter le long de son sexe et viens en lécher l’extrémité délicatement, il frissonne.
-Juli… prends-la toute en toi, halète-t-il. Gobe-la. (Je m’exécute.) Oui, comme ça, oui… Putain ![1]
Il ferme les yeux, se mordant la lèvre. Il appuie inconsciemment contre mon crâne en resserrant ses doigts dans mes cheveux, me « forçant » à avaler. Je déglutis sans ciller et me redresse en m’essuyant la bouche du dos de la main.
Il rouvre les paupières et me lance un regard lourd de sens. Je n’ai qu’une envie, me jeter sur lui. Il dévoile ses canines en un rictus caustique.
-Merde… Tu tailles les meilleures pipes qu’on m’ait jamais faites.
-Euh, merci –je crois…
-Je te mens pas, mec. Aucune des meufs qui me l’ont fait ont réussi à me faire jouir aussi vite que toi !
J’ai l’habitude que Dave soit direct, mais là c’est gênant, j’en rougirais presque ! Il se lâche. Il retire sa chemise et la jette de côté, ainsi que le t-shirt qu’il porte dessous. J’ai une vue imprenable sur son torse blanc et ses abdos bien dessinés, j’en bave. Il a les épaules larges et des jambes musclées, il est vraiment au meilleur de sa forme…
-Tes fringues, fait-il, interrompant mes réflexions.
-Hein ?
-Ça dégage.
Je cligne des yeux, puis obéis. Mon pyjama atterrit par terre. Il me saisit à nouveau les épaules et me renverse en arrière, nous finissons avec nos têtes au pied du lit. Il veut plonger sa main dans mon caleçon, je lui saisis le poignet.
-Attends Dave ! je l’arrête. (Il se fige.) Tu… n’as plus trop de réserve là, non ?
-Quoi ? ânnone-t-il, l’air embrouillé.
-J’ai envie d’essayer un truc spécial, qu’est-ce que tu en dis ?
Sourcils froncés, il me fixe trois secondes, puis demande d’un air méfiant :
-C’est un truc aussi bon qu’une pipe ?
-Oui. Encore meilleur, même !
-Oh, je vois… Et après, je pourrai quand même te pénétrer ?
-Hein ? Ah, euh, oui-oui, bien sûr ! je rougis.
-Alors ça me va, hausse-t-il les épaules.
Je souris, me mordant la langue, tout à coup très excité. Je le fais s’allonger sur le côté, face à moi, et lèche mon index et mon majeur. Je soulève sa jambe et la remonte contre ma hanche. Mon cœur bat à cent à l’heure. Si jamais il dessoule et se met en colère, tout mon petit manège tombera à l’eau. Je risque même fort de me faire tabasser !
Pour l’instant il est calme. Il a le regard vague ; les paupières à demi-closes, il ne se rend pas compte de ce qu’il se passe. Ma main suit le dessous de sa cuisse jusqu’à ses fesses, je viens taquiner son entrée.
Je retiens mon souffle. Il ne réagit pas.
Enhardi, je glisse mon index en lui, lentement –trèèès lentement.
Je commence à bouger mon doigt, doucement, effleurant ses parois intimes, il respire normalement. De la sueur se met à perler sur mon front. Il est chaud à l’intérieur, et serré. Je me rappelle la nuit où je l’ai pris. Il était tellement furieux, il m’a insulté comme il ne l’a jamais fait avec qui que ce soit auparavant… et moi mon esprit était vide. Je ne pensais plus rationnellement, je ne désirais plus qu’une chose, le pénétrer.
Je lui jette un coup d’œil. Ben tiens ! Je me fais du souci pour rien ! Cette andouille s’est endormi. La tête sur le bras, il a les yeux fermés et respire la bouche ouverte…
Tentant un second doigt, j’entame un va-et-vient en lui, y allant toujours aussi doucement, mais essayant d’entrer un peu plus à chaque fois en lui. Soudain, il a une réaction qui me laisse interdit.
Il se passe la langue sur les lèvres…
Un fusible saute chez moi. Serrant le drap d’une main, je poursuis mon massage sensuel de l’autre. J’ai l’impression d’être sur le point d’exploser. Une vague de désir violent me submerge, je ressens le besoin de le posséder comme une douleur fulgurante.
Je me penche pour l’embrasser, il m’ouvre sa bouche sans opposer la moindre résistance. Mes doigts viennent effleurer sa prostate, il se cambre contre moi.
Le sang pulse à mes oreilles, mes veines sont en feu. Je le renverse sous moi, je perds tout self-contrôle. J’ai envie de lui, putain, maintenant, tout de sui…
Je reçois un coup dans l’épaule, je me fige. Je recule un peu. Il vient d’abattre sa main contre moi, pour me repousser, comme dans un réflexe d’auto-défense. Je baisse mon regard sur lui, il a les yeux hagards, perdu.
-Julian ? s’étonne-t-il en me reconnaissant.
Je retiens un soupire et retire mes doigts, la culpabilité m’envahissant. Qu’est-ce qui m’a pris ? Un peu plus et je sautais sur lui pour le dévorer ! Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Ai-je vraiment envie de risquer qu’il se fâche contre moi –et me tue, probablement– pour satisfaire mes besoins primaires ? Nous avons enfin trouvé un modus operandi, une manière de fonctionner afin d’avoir une relation à peu près stable, harmonieuse…
-Qu’est-ce que tu fais au-dessus de moi ?
-Parce que… parce que je voulais te montrer une technique spéciale. (Je me force à sourire.) Regarde et admire !
Je m’assieds sur ses jambes et me penche en avant afin que nos sexes se touchent. Il est à nouveau en érection. Je saisis nos deux membres à une main et commence à nous branler.
Il se laisse faire, m’observant. Il passe ses mains sous la nuque et me regarde m’activer.
Son expression change, devenant tour à tour excitée, indécente, puis carrément extatique. Nous jouissons en même temps, son torse se retrouve couvert de deux lignes blanches, ainsi que sa gorge.
Rien que pour voir ça, ça valait la peine de me retenir ! Je l’embrasse sur le front, il s’est déjà rendormi.
J’ouvre les yeux lentement.
Putain de bordel de merde…
Je crois que je tiens une de mes plus belles gueules de bois…
J’ai mal au crâne, un truc de fou, j’ai l’impression qu’un marteau-piqueur a élu domicile dans ma tête. J’ai des relents d’alcool dans la bouche, l’estomac en berne et les souvenirs de la veille son flous.
Bordel de merde. Pourquoi je suis tête bêche dans mon lit ? Et pourquoi Julian dort paisiblement sur mon épaule ? J’en ai des renvois, beurk…
Je le déloge et me redresse, il ouvre les paupières, un peu étonné d’être réveillé aussi brutalement. Il m’adresse un regard surpris.
-Ah, tu ne dors plus ? remarque-t-il. Comment ça va ?
-(Marmonnement inintelligible de ma part.)
-Mh ? Oh, oui, on s’est endormis comme ça hier, après avoir… (Il s’interrompt brusquement, rougissant un peu.) Mais tu ne te souviens de rien ?
-(Borborygme incompréhensible, plus proche du grognement animal qu’humain.)
-Il est… (Il jette un coup d’œil à mon réveil.) neuf heures dix seulement. Tu veux dormir encore un peu, ou je mets du café en route ?
-(Nouveau grognement.)
Il se lève et enfile un caleçon qui trainait par terre, hochant la tête.
-D’accord, je m’en occupe.
Je me gratte le crâne, dans le coltar. Putain, mes cheveux, c’est vraiment la pagaille ! Me suis-je seulement douché en rentrant hier soir ?
-Est-ce que… douche… soir… ? j’ânnone.
-Non, tu ne t’es pas lavé en rentrant. (Je grommèle dans ma barbe et rampe jusqu’au bord du lit pour entreprendre de me lever. Il me dévisage d’un air inquiet.) Tu ne te souviens vraiment de rien… d’hier soir ?
-Humpf ! Café…
-OK, OK je m’en charge. Va te laver, je t’appelle quand la table est mise.
-Hum.
-De rien.
Je m’extrais du lit à grand-peine et titube jusqu’à la salle de bain. Je claque la porte dans mon dos, complétement à poil. Je reste immobile un instant, soupirant longuement, dos appuyé contre le battant. Je croise soudain mon propre regard dans le reflet de la glace.
Mes lèvres sont rouge sang, contrastant avec la pâleur de ma peau. J’ai des traces de morsures dans le cou. Et sur la gorge. Je me sens fébrile. À fleur de peau. J’ai l’air aux abois.
Je serre les dents. Julian, je songe avec colère, si un jour je découvre que tu m’as fait quelque chose de louche, tu vas apprendre à voler du 11e étage !
J’entre dans la douche d’un pas mal assuré. Putain, j’étais vraiment torché hier soir…
[1] Dave jure en français à ce moment-là.