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Happy new year bébé (Partie 2)

Happy new year bébé (Partie 2)

 

Aujourd’hui samedi 31 décembre, c’est jour de congé… et donc grasse mat ‘ en perspective.

Ilona se réveille à midi, complètement crevée par cette nuit que quelqu’un a effacé de son esprit.

-Bien dormi? s’enquiert-elle auprès de son invitée non désirée.

-Pas mal.

 

Apparemment elle n’a pas l’intention de lui rendre la politesse ! Sans s’en formaliser, Ilona consulte ses SMS, ne pensant pas trouver grand-chose. Aussi est-elle surprise quand elle voit un court message de Nathan :

Vs ds rég ! Fts gaf Urs

-Ursu… euh, Nolwenn? Ce message t’es destiné, je crois.

Cette dernière pâlit en décryptant le charabia de son ami.

-Des complications ? chuchote Ilona.

Des vampires dans la région. Fais gaffe Ursula ! », traduit la louve. Ouais, on est dans la merde. Écoute, ne bouge pas de là, je vais me renseigner en ville, OK ?

-Bien sûr, acquiesce l’autre, l’estomac dans les talons.

 

Les nouvelles que ramène Ursula un peu plus tard n’augurent rien de bon.

-Mon contact pense qu’ils veulent venger John. Ils te cherchent toi car l’un d’eux a entendu une conversation entre des loups. Ils sont une dizaine et à peine à un kilomètre d’ici.

-Combien de temps avant l’affrontement ?

La géante ouvre de grands yeux.

-On se tire ! Qui te parle d’affrontement ?

-Mais vous avez tué un vampire…

-On était à cinq contre un ! Un loup-garou ne peut rivaliser avec un seul vampire, alors imagine avec une dizaine !

-Je vais prévenir ma mère que nous partons.

-On n’a pas le temps, ils seront là dans quatre minutes max ! piaille Ursula en chopant la blonde par le bras et en l’entraînant dehors.

(Quatre minutes ? Waah, c’est rapide.) Comme Ilona n’est qu’une humaine, elle ne peut pas aller aussi vite que la louve le voudrait et l’autre la tire presque. Elles atteignent le fameux parc où la jeune humaine et le vampire se sont croisés il y a moins de dix jours et Ursula décide d’employer les grands moyens.

-On ne leur échappera jamais comme ça. Il faut que tu montes sur mon dos.

 

Elles passent entre deux maisons pour ne pas être vues et se dirigent vers la forêt du parc qui se situe juste à côté de la maison des Simmons. Croyant halluciner, Ilona regarde Ursula se dévêtir en plein milieu d’une clairière enneigée… et se transformer en loup.

Des poils lui sortent du corps très rapidement et elle tombe à quatre pattes.

-Aller, grimpe sur mon dos !

-Comment arrives-tu à parler ?

-C’est pas le moment de faire causette, gronde-t-elle en montrant les crocs. Monte !

Ilona s’installe sur la croupe de l’animal et s’agrippe à son cou.

-Ne tire pas mes poils ! couine-t-elle en se mettant à courir.

 

Appréciant la vitesse, la jeune fille passe sa main dans la fourrure rêche d’Ursula. Elle se déplace plus vite que n’importe quel autre animal. Les troncs deviennent flous, mais elle parvient à rester en équilibre sur son dos. Quelle sensation enivrante ! Comment est-ce que ça serait avec Nathan ?

Malheureusement, l’ivresse passe et les trouble-fêtes débarquent. Ils sont infiniment plus rapides, Ursula a surestimé ses capacités en s’imaginant les semer. Ils l’encerclent et Ilona compte onze vampires.

Et elle fait la chose la plus stupide du monde ! Elle saute à terre et file entre les buissons, trop rapide pour que les vampires songent une seconde à l’arrêter.

Ce qui est normalement impossible quand on est une humaine.

 

Six la poursuivent tandis que les autres s’occupent d’une Ursula folle de rage. Ilona court, mais sa tête veut retourner en arrière. Ses jambes et ses pieds sont contrôlés par une entité extérieure.

On la possède.

Elle stoppe près d’un gros rocher et fait face aux vampires, loin des yeux et des oreilles de la louve. Ils dévoilent leurs crocs en feulant comme de gros matous furieux.

-Bande d’incapables ! Vous croyez vraiment que des loups auraient pu me tuer ?!! hurle Ilona.

 

Elle écarquille les yeux; ça n’est pas sa voix, mais celle de John, qui sort de sa propre bouche!

-Maître John? s’étonne le plus grand vampire.

-J’habite le corps de cette fille, le temps de trouver mieux. Je n’avais pas le choix, les loups m’avaient retrouvé. En la mordant, je l’ai transformée en Servante.

-Votre vrai corps s’est changé en brume?

-Oui.

L’immortel s’était donc changé en brume et pas en cendres ? s’étonne Ilona. Mais quelle différence est-ce que ça fait ?

-Quand vous rappellerez votre corps, il reviendra ? demande un des sbires vampires.

-Exact, répond John à travers la jeune femme. Pour l’instant, mes aptitudes surdéveloppées sont dans ce corps malingre : ma force, mes yeux, mes crocs, mes griffes, mon ouïe et mon odorat.

-Maître, faites attention. Si elle se fatigue trop, dépérit et finit par mourir, vous disparaîtrez avec pour toujours. Vous vous devez de la ménager.

Ilona/John pose son index sur ses lèvres roses d’un air songeur.

-Je n’y avais pas songé. C’est agaçant ! Bof, hausse-t-il les épaules, je ferai avec.

 

Les vampires s’inclinent et disparaissent. Ilona sait immédiatement quoi faire après avoir retrouvé le contrôle de son corps : s’engueuler elle-même.

-Nan mais ça va pas s’pèce de malade?! Qu’est-ce tu fous en moi ?! Tu te casses de suite ou… ou…

« Ou quoi? raille la voix dans sa tête. Tu vas te suicider ? »

-Oh mon dieu… j’espère que vous ne me regardiez pas quand je m’observais dans la glace… hum, très dévêtue ?

« Je n’ai qu’une chose à te dire : très beau corps ! Et j’en ai vus dans ma vie, je m’y connais ! »

-Oh my gooooood! Vieux pervers ! Vicieux ! Sortez immédiatement !

«  Je dois récupérer, je suis très faible. Transférer mon esprit dans ton corps, séparer ma psyché de ma chair m’a pris énormément d’énergie. »

-Je m’en fous, barrez-vous ! Ou j’en parle à Nathan.

« J’ai un contrôle total sur ton corps. Tu ne peux rien dire sans mon accord. »

-Oh non…

« Et autant te le dire maintenant, enfonce-t-il le clou . Pour me nourrir, tous les soirs, j’ai tué des gens et j’ai bu leur sang. Avec ta bouche. »

 

Ilona secoue la tête, écœurée. Son esprit ne peut le concevoir, la voix est trop irréelle.

-Je vous en prie, allez-vous-en ! gémit-elle.

« Tu as tué. Tes mains sont couvertes de sang d’une dizaine de personnes… »

-Je fais une dépression chaque fois que j’écrase une mouche… c’est impossible.

« C’est la vérité. »

-Laissez-moi tranquille. Rendez-moi ma vie, barrez-vous… murmura-t-elle, au bord des larmes.

« Ilona Simmons, rien n’est dû au hasard. Tu t’es entichée d’un Homme-Loup. Ton existence ne sera plus jamais tranquille et paisible. Mais tu m’as l’air d’être une jeune femme qui aime l’action. Notre rencontre et mon choix de prendre ton corps n’est peut-être pas un hasard. Le futur nous révélera sûrement l’issue de cette union non désirée. »

Elle se fige. Les paroles du vampire, bien qu’elle le déteste, sont étrangement justes. Elle aime Nathan, bien qu’il soit un tueur et une créature dangereuse. Peut-être va-elle devoir endurer beaucoup de choses pour rester à ses côtés ?

 

Elle ne remarque pas le frisson d’excitation qui lui parcourt le dos. Une femme d’action…

-Hé ! La blondasse !

Ursula surgit d’entre les arbres, les poils dressés et les crocs découverts.

-T’ai-je dit de te barrer de mon dos alors qu’une bande de sangsues nous encerclait ? Je pense pas !

« Dis-lui que tu leur as tout expliqué, qu’ils ont sondé ta tête et sont repartis, ordonne John. »

 

Ilona répète mot pour mot ce que l’immortel lui a soufflé et Ursula hausse un sourcil –enfin, autant qu’un loup pouvait hausser un sourcil !

-Sondée? Quel effet ça t’a fait?

Ilona la regarde droit dans les yeux, mais commence à suer.

« Désagréable. On aurait dit qu’une ventouse aspirait mes moindres pensées. »

Elle répète pour la deuxième fois ce que John dit. Il l’aide, mais dans son intérêt. Espérant le piéger, elle essaie de prononcer : « j’ai un vampire dans la tête », mais les mots restent coincés dans sa gorge. Flûte! Le vampire avait raison.

 

Un autre loup surgit, plus grand et plus impressionnant encore, noir comme la nuit. Si l’encolure de Ursula arrive à l’épaule d’Ilona, celle de cet imposant animal dépasse le sommet de son crâne.

-Tout va bien Ilona? Ils ne t’ont pas blessée ?

-Nathan ? souffle-t-elle, estomaquée.

-Ha ha ha! Je te fais peur ?

 

Elle s’approche, fascinée et passe ses doigts dans le pelage de son copain. Il frémit et baisse son énorme tête à la hauteur de la jeune fille, plongeant ses yeux dans les siens.

Elle esquisse un sourire incrédule : il possède un regard similaire à celui qu’il a quand il est humain. Ilona fond comme neige au soleil et entoure son cou de ses bras. Il s’appuie contre elle et elle manque se casser la figure.

-Non, tu es la créature la plus merveilleuse que j’ai vue dans ma vie, murmure-t-elle en posant son nez sur sa truffe humide.

Ursula lève les yeux au ciel et souffle. Maudite soit l’ouïe des loups-garous !

 

 

-Allô maman ? Oui, je passe le Nouvel An avec des amis et Nolwenn. Non. Oui. Bien sûr, à plus tard. (Elle ferme son portable d’un claquement sec.) J’ai la permission de deux heures du mat ‘ les gars !

Les copains de Nathan émettent un « wéééé » général. Ils ont loué une salle dans un restaurant du centre-ville et vont fêter le Nouvel An ensemble. À la grande surprise d’Ilona, ils l’ont invitée à rester avec eux. Apparemment Ursula est la seule à se formaliser qu’un de leurs chasseurs sorte avec une bête humaine ! Tss !

 

Il y a quelques femelles, dont Ursula, et toutes semblent curieuses envers cette petite blonde qui a séduit le grand méchant loup. (Et un peu jalouses, autant ne pas se mentir !)

Le grand méchant vampire quant à lui se cache au fond de l’esprit d’Ilona, évitant de faire des commentaires sarcastiques à Ilona, car il n’est pas très à l’aise avec tous ses loups autour de lui.

Tous ne sont pas des chasseurs. Le groupe comprend une vingtaine de jeunes et ils ont chacun une permission de sortie apparemment. Ilona n’ose pas trop leur poser des questions directes comme elle le fait avec Nathan, elle n’a pas envie de les froisser par erreur.

 

Peu avant minuit, la fête bat son plein. Nathan emmène sa petite amie dans une pièce à côté, où il y a de larges sièges moelleux. Il s’y assied et la prend sur ses genoux.

-Pourquoi m’as-tu surveillée avec ces yeux là pendant toute la soirée ? demande-t-elle.

-Je ne veux pas te ramener saoule à la maison. Tes parents te priveraient de sortie.

-Je n’ai bu que quelques gorgées de vin, quel vieux jeu tu fais !

-Vieux jeu ? chuchote-t-il à son oreille. Vraiment…

 

Ses lèvres effleurent le cou d’Ilona et ses mains glissent sur ses hanches.

« Tsss! Le vieux truc du cou. C’est d’un minable… »

« La ferme John. J’ai le droit à un moment d’intimité avec mon mec quand même ! réplique-t-elle. »

« M’en aller quand ça devient croustillant? Rêve pas blondinette… »

« Pauvre type! »

-Ilona? Est-ce que ça va? Tu m’as l’air ailleurs…

-Non! Je… je suis fatiguée, c’est tout.

-Tu es très pâle. Et tu as maigri.

 

Elle hausse les épaules et l’embrasse. Elle repousse l’esprit du vampire et s’imagine l’enfermant dans une pièce capitonnée : cela fonctionne et John a beau tempêter, il ne peut sortir. Elle sourit et Nathan caresse son genou. Elle frissonne quand sa main remonte le long de sa cuisse. Waaah ! Il est vachement entreprenant ! Personne, même Steve n’a jamais osé aller aussi loin avec elle…

Elle passe ses doigts sous son t-shirt noir –ne porte-t-il jamais de couleurs ?!– pour sentir ses muscles. Ils sont bien dessinés, comme elle l’avait imaginé. Et où a-t-il appris à embrasser si bien ?

-Hé, les tourtereaux !

 

Ilona sursaute, mais pas Nathan –il a déjà entendu arriver Ursula.

-Minuit dans une minute !

Ils rejoignent les autres –un peu à contrecœur – et ils se servent un verre de champagne.

-10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1… bonne année !!!

Nathan immobilise la mâchoire d’Ilona de sa main droite et la regarde avec une intensité qu’elle ne lui connaît pas. Ils s’embrassent tendrement, puis il la serre contre lui. Elle enfouit son visage dans son épaule.

 

-J’espère que nous aurons moins d’ennuis cette année… Tu as enduré beaucoup de choses.

 

Elle ne lui réplique pas qu’un vampire dans la tête est peut-être une source d’ennuis possible, car John l’en empêche. Il est revenu. Sa gorge se serre d’inquiétude.

 

-Je t’aime… dit-elle simplement, espérant qu’il ne sente pas la pointe de tristesse dans sa voix.

 

Il ne répond pas. Il ne lui a jamais dit les mots magiques, et ça la peine. Même si elle peut attendre.

Nathan l’embrasse sur le front, de sombres pensées en tête, dont Ilona n’a pas conscience, trop préoccupée par les siennes…

 

À suivre

 

Note de l’auteur : Et voilà ! Pour l’instant c’est tout pour l’histoire entre Nathan et Ilona ! Il va falloir patienter un peu avant de pouvoir connaître la suite –que je n’ai pas encore écrite. N’hésitez pas à mettre votre avis sur ce chapitre !

Happy new year bébé (Partie 1)

Happy new year bébé (Partie 1)

 

Ilona Simmons tire ses cheveux blonds en une queue de cheval parfaite et examine son reflet dans le miroir. Mince, yeux bleus et silhouette élancée, tout est normal. Ce qui l’est moins, ce sont ces grands cernes mauves sous ses yeux. Pourtant, elle dort la nuit, et pas qu’un peu ! Elle s’effondre sur son matelas à 20 heures pour se lever difficilement à 7 heures le lendemain. Et ce, depuis plus d’une semaine.

 

Elle sort, emmitouflée dans sa grosse veste d’hiver et son écharpe. Elle se dirige vers la paroisse, frigorifiée. Elle s’est inscrite avant Noël pour aller rendre service au pasteur avec d’autres lycéens, elle en est quasi à le regretter à cause de son manque de sommeil ; elle paierait cher pour être encore dans son lit à ce moment-là !

Elle arrive juste à l’heure et s’assied à la hâte sur une chaise, essayant de ne pas se faire remarquer.

-Tu vas finir par être en retard.

 

Se débattant pour enlever sa veste, elle fusille du regard sa voisine de droite (ce qui est inutile, car ses beaux yeux bleus ne font jamais peur à personne), le pasteur se lève pour commencer la séance d’information.

-Bonjour. Je suis assez pressé au niveau du programme, alors on va faire rapidement les présentations : voici Nolwenn Foster, qui a déménagé ici il y a…?

-Deux jours.

 

Une nouvelle ? Ilona l’a complètement loupée ! Sa voix, venant d’un côté de la salle, est grave et bien posée, assurée. Ilona fronce les sourcils et se penche pour essayer de la repérer parmi le groupe de jeunes, car il lui semble l’avoir déjà entendue quelque part.

 

La peau mate, des yeux noirs insondables, une présence bien marquée et une haute stature, Nolwenn a tout le bas du visage recouvert de tatouages noirs qui s’arrêtent sur ses joues et passent même sur ses lèvres.

 

Notre blonde préférée a un sursaut en la voyant : est-elle un loup-garou ? Elle n’oserait pas aller le lui demander, ça ne se fait pas ! Et elle est peut-être seulement humaine, n’importe qui peut se faire tatouer.

Nolwenn pose son regard calme sur elle et la transperce de ses yeux acérés.

-Mademoiselle Simmons ? On ne dévisage pas les gens de cette manière.

L’intéressée fait volte-face, cramoisie, et tout le monde éclate de rire -sauf la nouvelle.

Elle va me prendre en grippe direct, songe Ilona.

 

Les travaux que leur confie le pasteur sont simples, pourtant la journée se déroule bizarrement. Ilona sent toujours Nolwenn l’observer, et quand elle se tourne pour vérifier, l’autre la dévisage sans gêne. Elle ne se montre pas très amicale avec les personnes qui l’abordent ; elle ne répond que par onomatopées et ne sourit pas, ne semblant pas vouloir se lier aux jeunes.

 

Être fixée ainsi pendant des heures est assez éprouvant, Ilona est vachement contente de retourner à la maison. Une fois au chaud dans l’entrée, elle pousse un long soupir.

 

-Ilona ? l’appelle sa mère. C’est toi ? On est dans la cuisine ! Rejoins-nous.

Nous ? Qui nous ? Il y a une visite surprise ?

-J’te raconte pas la journée que j’ai eue, soupire Ilona en traversant le couloir. On a…

Elle se fige sur le seuil. Nolwenn est assise en face de sa mère, une tasse de café à la main.

-Ton amie voulait te parler alors je l’ai laissée entrer pour papoter. Je ne savais pas que tu correspondais avec elle depuis si longtemps !

 

Ilona, la bouche ouverte, hésite à dire la vérité pour que sa mère vire cette intruse de la maison, mais une chose la décourage rapidement. Nolwenn se tourne vers elle avec une lenteur calculée et soulève le pan de son long manteau, dévoilant un couteau de chasse dans son fourreau.

-Tu ne lui as pas parlé de moi? dit-elle dans un sourire. C’est pas cool ça… On a mangé ensemble la semaine passée pourtant, et on s’échange des mails depuis des mois.

Ilona ne sait pas ce que cette fille veut, mais apparemment elle a envie de jouer à la meilleure copine. Nolwenn risque de les empaler si elle nie, ou pire !

-Franchement, quand elle a sonné à la porte avec tous ses tatouages je me suis dit : « Mais qui est cette grande perche ?! »

-Oui, marmonne Ilona. Au premier abord, on peut se méprendre. C’est une fille très… surprenante.

 

Et plus rapide qu’elle ! Ilona s’est dépêchée de rentrer, mais Nolwenn l’a devancée, et de beaucoup vu qu’elle a eu le temps de boire un café avec sa mère.

-On a des devoirs de vacances à terminer, annonce soudain la grande fille, dépliant son immense corps en se levant.

-Bien sûr, travaillez bien les filles !

La géante chope Ilona par le coude et la traîne à l’étage en lui faisant signe de se taire, un doigt sur les lèvres. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Est-ce une simple détraquée ? Ou une ennemie de Nathan qui veut s’en prendre à la famille d’Ilona ?

Elle pousse cette dernière dans sa propre chambre et s’enferme avec elle.

-T’es plus coopérative que ce que j’pensais.

-Qu’est-ce que tu me veux ? Me tuer ?

 

Elle se laisse tomber sur le lit et -oh miracle !- sourit.

-C’est difficile à croire, mais je suis là pour te protéger.

-Bien sûr…

-Je suis une louve. Tu l’as tout de suite deviné, non ? Je suis une amie de Nathan.

-Comment pourrais-je te croire ?

-Je ne m’appelle pas Nolwenn, mais Ursula.

 

Ilona ouvre de grands yeux. Évidemment ! C’est pour ça qu’elle reconnaissait sa voix, elle l’a entendue dans la clairière il y a une semaine.

-Toi ! Tu es horrible, tu étais prête à me sacrifier pour attraper le vampire !

-Nathan mérite mieux… et il doit se concentrer sur son job, pas s’enticher d’une bête humaine.

-Il n’y a pas de niveau au-dessus de chasseur !

La louve hausse un sourcil, étonnée que cette pauvre fille sache ça.

-Non, admet-elle. C’est vrai.

-Pourquoi es-tu entrée comme ça chez moi et m’as-tu menacée avec un couteau ?

-Je n’aurais jamais blessé ta mère, t’inquiète. Pas seulement parce qu’elle est amusante, mais parce que je savais que tu m’obéirais si je te faisais peur. Je ne voulais pas que tu crées de scandale, c’est pour ça que j’ai recouru à cette méthode.

-Il y une chose que je ne comprends pas…

-Ça ne m’étonne pas venant de toi.

-… pourquoi tu joues les gardes du corps ? termine Ilona en la fusillant du regard.

 

La louve inspire profondément avant de répondre, choisissant bien ses mots :

-Le vampire qui t’a mordu… était très vieux et puissant. Il se trouve que sa salive peut te transformer en goule n’importe quand.

-En QUOI ?!

-Pchhhhhht ! Moins fort !

-Maismaismais… je veux pas devenir une… une goule ! (La blondinette se fige.) Qu’est-ce que c’est d’ailleurs ?

Ursula hésite, sentant que l’autre risque de péter un câble en apprenant la vérité.

-Un genre de… de zombie qui…

-PARDON ?! Quelle horreur !

-Silence !

-J’aime pas les zombies ! C’est dégueu et ça me donne des cauchemars !

-Att…

-J’adore ma vie ! Je veux pas dévorer des gens et devenir…

-Putain ! Laisse-moi terminer mes explications, merde !

 

Ilona la regarde d’un air paniqué et se mord la lèvre, au bord des larmes.

-Tu es ici pour protéger les autres de moi, hein ?

-Aussi oui. Mais principalement pour veiller sur toi. Nathan dit que tu as besoin d’être aidée si d’autres vampires veulent s’en prendre à toi.

-Oh my god.

-Il faut que je te suive 24h sur 24, car d’imperceptibles changements peuvent indiquer une transformation imminente.

-Bouhouhou… (Ilona percute ce que la louve vient de lui dire.) Attends, quoi ? 24h sur 24 ?

-Je dois rester dormir avec toi.

-Oh, mais bien sûr, ironise Ilona. Je vais faire passer en douce une louve de deux mètres pendant la nuit et la faire dormir sur le canapé du sa…

 

Elle s’interrompt au milieu de sa phrase, dévisageant Ursula comme si elle venait de comprendre les lois de l’univers tout entier.

-Quoique… Oui, ça peut passer.

-Hein ?

-Vu que t’as déjà charmé ma mère… je vais lui demander si tu peux rester dormir.

-Madame Simmons est plutôt sympathique pour une humaine… quel dommage qu’elle ait une fille telle que toi.

-Occupe-toi de ta propre mère, OK? Laisse la mienne tranquille.

-Mes parents ont été tués quand j’avais cinq ans.

 

Ilona se fige, la main sur la poignée, et bafouille :

-Je… excuse-moi.

L’autre hausse les épaules d’un air détendu.

-Tu ne savais pas. Bon, alors je peux m’installer ?

-Je vais lui demander pour ce soir, elle devrait être d’accord. Mais je ne te veux pas ici pendant dix ans, trouve-toi un autre endroit pour dormir !

-Ouais, ouais.

 

Elle s’allonge sur le lit d’Ilona et joue sur son portable. Pas gênée…

La blondinette dévale les escaliers, une boule dans la gorge. Ursula la déteste, mais elle n’a rien fait pour ça. Elle sort simplement avec Nathan ! On dirait que pour un loup, être avec un humain c’est la dèche.

-Maman ? Ursu… euh, Nolwenn peut-elle rester ici cette nuit ?

-Bien sûr. Je m’en doutais, j’ai déjà rajouté un couvert.

-T’es la best. Ci-mer, rit-elle en collant un bisou sur la joue de sa mère.

Elles montent au grenier pour prendre un matelas. Quand Ursula les voit entrer avec, elle bondit du lit et les aide immédiatement. Une fois la mère de famille partie, les deux jeunes filles font le lit.

-Comment tu connais Nathan ?

 

La louve lui accorde à peine un regard.

-La soeur de son père m’a adoptée.

-Waouh. Ça fait perpèt’.

-Ouais.

-Et vous êtes amis depuis ?

-Ouaich.

-Alors pourquoi ne supportes-tu pas qu’il soit avec moi ? Tu es jalouse ?

 

Ursula se redresse en soupirant et s’étire.

-Non. Mais franchement, une pauvre humaine blonde pleurnicharde… il aurait pu choisir mieux.

-La dernière fois, tu as parlé de filles qui tueraient pour lui, l’interroge Ilona, ignorant l’insulte.

-Oui, car il est fort, beau et intelligent. Il pourrait être l’alfa d’une grande meute, quand il aura cinq-six ans de plus, j’en suis sûre. Se trimballer avec toi va ruiner ses chances.

-Tu méprises les humains.

Ça n’est pas une question… elle a cerné Ursula. Elle les considère comme des choses faibles, fragiles et bêtes à bouffer du foin.

-SOUPER !

 

Ursula ôte son manteau et Ilona rage en voyant son corps parfaitement proportionné, moulé dans un top noir. Cette louve ne semble ni dégingandée ni mal à l’aise dans son grand corps.

Jalousie, jalousie…

 

La grande louve fait sensation en pénétrant dans la salle à manger. Elle dépasse le père d’Ilona d’une bonne tête. Jenna se redresse sur sa chaise, le cadet ouvre de grands yeux et l’aînée retient un mouvement de recul.

-Je suis navrée de m’incruster…

-Non! C’est un plaisir de connaître les amis de nos enfants. Installe-toi à côté de Ben.

 

Ce dernier a la bouche un peu ouverte.

Ursula s’attaque au poulet préparé par madame Simmons et mange de bon coeur. Les autres se mettent à raconter leur journée, tentant de ne pas dévisager l’invitée comme une curiosité touristique :

-Tu te rends compte que Lola m’a demandé pourquoi je ne sors avec personne ! se plaint Jenna. Non mais franchement, quelle idiote !

-Bah… pourquoi ? interroge Ursula, mettant bien les pieds dans le plat.

 

Ilona serre les lèvres; et c’est repartiiiiiii. La complainte de la cadette « lourdingue-et-inconsolable » sur le petit copain disparu.

-Tu vois Nolwenn… mon petit ami a été enlevé le jour d’Halloween. Il y avait son sang sur la moquette de l’entrée.

-Ça a mis une semaine à partir, marmonne Ilona.

-Il a sûrement été victime d’un enlèvement, gémit la cadette en enfouissant son visage dans ses mains. Oh mon dieu! Pauvre, pauvre Steve!

-Moi je me suis fait assommer, tout le monde s’en fout apparemment.

-Le monde ne tourne pas autour de toi Ilona ! s’écrie sa sœur.

 

Ilona en a le souffle coupé. Quoiquoiquoi ? Elle égoïste ? Sa soeur n’inversait pas un peu les rôles ?

-Tu penses pas que ton mec s’est fait la malle ?

Ilona éprouve un soudain élan de sympathie pour la louve.

-Attends, fait Ursula en fronçant les sourcils. Il s’appelle Steve ?

-Ouais. Et?

 

Le regard de la louve-garou devient pensif, tandis qu’elle coule un regard vers Ilona. A-t-elle déjà croisé le jeune loup ? Nathan lui a-t-il raconté quelque chose sur son compte ? Car Steve a créé des problèmes en refusant de se rendre à Yukon pour suivre sa formation et Nathan a dû venir le chercher par la peau des fesses.

 

Enfin, il l’a poignardé et ficelé comme un saucisson pour pouvoir ensuite le kidnapper.

-Nolwenn, ton appétit fait plaisir à voir! rigola la mère en voyant la louve saucer le plat. Mes filles veulent toutes ressembler à des mannequins, ha ha ha!

-Ah ouais Ilo? ricane la goinfre en se léchant le pouce. Moi j’ai toujours une faim de loup ! Tu fais un régime pour plaire à ton petit copain peut-être ?

-J’en ai pas, nie l’autre.

-Tu dis que c’est un pote, mais personne n’est dupe, fait Jenna. Tu as traîné deux jours avec la semaine passée !

-Il n’empêche que c’est mon ami.

-Tu n’oses même pas nous le présenter.

-Il ne veut voir personne. Et si je mange peu, c’est parce que je n’ai pas faim.

Depuis une semaine elle pouvait se contenter d’un repas par jour, sinon elle avait une sensation d’écoeurement qui ne la quittait plus.

-Fais attention à ne pas perdre encore plus. Tu as presque l’air malade, s’inquiète sa mère.

 

Ilona pose sa fourchette et monte dans sa chambre avec Ursula.

-Ai-je gaffé avec Nathan ? Tu n’as pas parlé de lui avec ta famille ?

-Il ne le souhaitait pas.

-Ah ? Et tu lui obéis ?

-Je pense avant tout à son anonymat. Puis mon dernier petit copain voulait aussi garder notre relation secrète alors j’ai l’habitude.

-Steve. Nathan m’a parlé de ton ex, il le déteste. Mais comment se fait-il que ta soeur soit sortie avec ? Je n’ai pas tout suivi.

-Il était avec nous deux en même temps, sauf que nous n’étions pas au courant. Je m’en suis rendu compte après avoir rompu. J’ai renoncé à en parler à Jenna, c’est qu’une gamine écervelée.

Ursula semble songeuse.

-C’est une garce ouais.

 

Ilona s’assied sur son lit, à côté de l’immense louve, pour qui tout paraît simple dans la vie.

-T’as bien cerné le personnage, ouais.

-Tu sais que même avant de t’avoir rencontrée, Nathan me saoulait avec sa nouvelle petite copine ?

-Comment ça?

-Je pensais que c’était une louve. D’habitude il n’en parle pas, et elles se succèdent rapidement. Mais là il me vantait ton courage et le fait que tu lui tiennes tête.

-Vraiment ?

-Ne m’oblige pas à te le dire deux fois…

-On dirait pourtant qu’il me considère comme une quantité négligeable. Il me donne rarement de ses nouvelles.

-Sérieux ? T’as son numéro ? Il le donne jamais. (Ilona ouvre de grands yeux, étonnée.) Tu comptes pour lui, tu passes avant son boulot – ça m’agace d’ailleurs – ce qui n’est jamais arrivé non plus. Il a réellement paniqué quand il t’a vue prisonnière du vampire.

 

Ilona sourit, ravie d’entendre un des proches de son amoureux lui dire de telles choses, malheureusement Ursula n’a pas fini.

-Je vois pourtant que tu ne mesures pas l’étendue de la force d’un loup-garou. Quand nous commettons un meurtre, il est difficile de ne pas céder à l’odeur du sang et de se précipiter sur une autre victime pas loin pour la liquider.

 

C’était pour ça qu’après avoir poignardé Steve, Nathan s’est mis à traquer Ilona dans la rue pour la plaquer contre un mur? En réalité il a, l’espace d’une seconde, essayé de la…

-Il voulait me tuer.

-Quoi ?

-La première fois que je l’ai rencontré, il a failli me trucider, après avoir blessé mon ex avec une arme.

-Oh.

Silence embarrassé, ni l’une ni l’autre ne sait quoi dire. Ursula se demande à présent si Ilona n’est pas un peu dérangée et se promet de ne pas trop lui faire confiance. Quel genre de nana est capable de sortir avec un mec qui a tenté de la tuer !?

 

Elles vont se doucher tour à tour et s’endorment sans plus parler.

Mais dès que le souffle de Ursula devient plus léger, qu’un discret ronflement s’élève de ses lèvres et que toute la maisonnée est enfin silencieuse, Ilona ouvre les yeux.

 

Elle se lève, en short et en top, les cheveux attachés en une queue de cheval lâche et les pieds nus. Elle ouvre son placard, enlève une des planches au sol grâce à un stylo et en sort un long imperméable noir taché et des baskets de la même couleur, qu’elle enfile.

Elle entrouvre la porte et descend les escaliers sur la pointe des pieds avec une discrétion absolue. Elle sort dans le froid après avoir ouvert la porte puis s’en va. Elle court de rue en rue, puis arrive au centre-ville en trois minutes, alors qu’elle n’y parvient qu’en vingt pendant la journée.

 

Elle s’immobilise au coin d’une rue, guettant qui elle va pouvoir attaquer. Elle attend, accroupie, pendant près d’une demi-heure, pour enfin voir une femme d’une trentaine d’années sortir d’un bar, saoule.

 

Elle ne bouge pas, le coeur accélérant à l’idée du goût du sang de l’autre dans sa bouche. Sa peau ferme, son pouls lent et ce liquide chaud, circulant dans tout son système sanguin…

Quand elle dépasse Ilona, la femme n’a aucune chance : se redressant sans bruit, bondissant comme un diable hors de sa boîte, la jeune blonde la renverse et la plaque au sol avec une force surhumaine et plonge deux canines effilées dans sa gorge. La femme ne peut hurler, car la main d’Ilona la bâillonne.

 

En deux minutes à peine, tout le sang est drainé. Ilona contemple son manteau et ses mains humides et sales. Merde, le soleil se lève dans un quart d’heure et il faut encore qu’elle se lave. Elle abandonne le cadavre à même le trottoir sans même un regard en arrière.

 

Retourner à la maison lui prend cinq minutes. Elle cache ses vêtements souillés sous les planches du placard et, jurant secrètement à cause de la louve qui a mis trois plombes à s’endormir et qui va se réveiller d’ici pas longtemps, s’enferme dans la salle de bain. Elle lave ses mains au savon doux, mais frotte vigoureusement, provoquant des rougeurs sur sa peau. Elle se rince dix fois le visage en quatrième vitesse. Elle crème son corps pour couvrir toute odeur de sang et s’enfile sous les couvertures avant que Ursula n’ouvre les yeux.

 

Noël, que du bonheur (Partie 2)

Noël, que du bonheur (Partie 2)

 

Tandis qu’elle s’enfuit, il la chope pour la deuxième fois par le col et fait la seule chose à faire dans sa situation : il pose ses lèvres rêches sur la peau de la jeune fille et enfonce ses canines pointues dans une veine bleue de son cou tendre.

 

Elle hurle de douleur, puis se tait, sonnée. Le poison sécrété par les crocs de John lui ôtant toute volonté.

Nathan se précipite pour écarter le vampire de sa (presque ?) petite amie.

 

Ilona ne voit plus rien, juste une lumière blanche qui l’aveugle. Pitié, pas le paradis… mourir vierge, franchement, quelle honte !

-Ilona, Ilona ? Est-ce que tu vas bien ?

 

Elle ouvre les yeux pour découvrir le visage couvert de tatouages de Nathan. Il a posé sa tête sur ses genoux et lui caresse les cheveux.

Sa main tremble.

– Je… qu’est-ce qu’il s’est passé ?

– Quand j’ai séparé John de ton cou, il est tombé au sol, t’entraînant dans la chute. Tu t’es cogné la tête et nous l’avons empalé. Il est tombé en poussière.

 

Il la soulève comme une poupée de chiffon. (Waaaah ! Il est fort !)

– Ouais ! On l’a enfin eu ! fait la voix de Ursula.

– C’était un peu trop rapide tout ça. Et les vampires se dessèchent quand on les empale, ils ne tombent jamais en poussière.

La silhouette encapuchonnée de la louve hausse les épaules.

– Son esprit rusé légendaire l’aura abandonné. Bon, tu t’occupes d’elle ? À mon avis, tu ferais mieux de la tuer tout de suite pour qu’elle ne souffre pas.

Nathan emporte Ilona un peu plus loin sans répondre, puis il la pose au sol à l’abri du regard de ses collègues. Il la maintient debout, car elle tremble trop et se penche pour lui parler – il fait une tête de plus qu’elle.

– Ilona, qu’est-ce que tu faisais ici ?

– J’allais faire des courses. Et toi, pourquoi tu m’as dit que tu venais me retrouver ?

– Je pensais m’occuper du vampire d’abord et te voir après. On doit causer.

(Oh-oh…) Es-tu vraiment sûre de vouloir sortir avec moi ?

– Hein ?

– Je ne suis jamais là. Peut-être que tu veux voir des garçons de ton âge – humains, de préférence – et qui ne sont pas des tueurs professionnels ?

 

Elle cligne des yeux, n’en croyant pas ses oreilles.

– Tu as quel âge déjà ?

– Vingt-quatre ans.

– Ah. J’avais oublié, c’est vrai.

Elle baisse la tête, les larmes aux yeux. Il n’est pas si vieux que ça, si ?

– Je suis dangereux et pas politiquement correct. Je ne crois pas que ta famille m’apprécierait…

 

Ça y est. De grosses gouttes salées coulent sur ses joues. Elle lutte pour les lui cacher, tête baissée, mais il n’est pas complètement stupide.

– Ilo…

– Pourquoi tu me dis de telles horreurs ? C’est la deuxième fois que je te vois et tu me dis que tu veux rompre ?

– Hein ? Non, non !

– Tu sais, je ne sors pas avec n’importe qui. Et je savais déjà que tu étais une personne dangereuse, vu que tu m’as poursuivie et menacée avec un couteau lors de notre première rencontre. Je t’aime vraiment. Mais si tu préfères aller avec quelqu’un d’autre je ne…

– Non ! Je voulais avoir ta… confirmation. On s’est un peu précipités et je croyais que tu te lasserais d’avoir une relation à distance.

– Je ne suis pas comme ça, se vexe-t-elle un peu.

 

Ses yeux s’adoucissent et il ramène sa tresse blonde derrière son épaule, lui saisissant le menton et murmurant contre ses lèvres :

– Je m’assurais simplement de ce que tu désires vraiment… mais je ne savais pas que tu m’aimais.

La bouche d’Ilona s’ouvre comme celle d’un poisson hors de l’eau et elle cligne des yeux :

– J’ai pas dit ça !!

– Oh que si ! ricane-t-il avec un sourire triomphant.

 

Elle fait la moue. Elle ne supporte pas de s’être livrée aussi rapidement et facilement. Ça lui a échappé, ce qui la perturbe un peu parce que cela ne lui arrive jamais.

– On va se boire un truc ? Non, réfléchit-il, j’ai une meilleure idée : un ciné. Avec ma tête, les gens flippent.

Elle se souvient soudain qu’à la base elle est partie pour faire des courses… Bof, ça attendra.

– Moi j’aime bien tes tatouages. Ça te rend exotique, dit-elle en rougissant comme une pivoine.

 

Il la prend par les épaules en riant et lui plante un baiser sur le haut du crâne.

Ils retournent vers la route, sortant du grand parc et il met sa capuche.

– Alors ? Quoi de neuf ?

– Rien de spécial, je prépare mes exams et supporte ma soeur qui fait une fausse dépression. Ah ! À propos, comment va Steve ?

 

Il hausse les épaules, n’appréciant pas de parler de l’ex de sa girlfriend.

– Il a fait son récalcitrant au début, mais maintenant il file droit.

– En quoi consiste la formation de gens comme toi? fait-elle avec curiosité.

– Moi je savais dès le départ que je deviendrais un chasseur, car j’adore ça. Et rester enfermé ne me convient pas. Alors, je me suis entraîné depuis longtemps pour le combat et la course, puis j’en ai parlé à mes professeurs pour qu’ils ne me fassent pas faire trop de trucs d’intellos.

Ensuite ils nous ont sélectionnés parmi les plus prometteurs, ils éliminaient les plus faibles, les peureux ou ceux qui n’étaient pas faits pour ce job, puis j’ai suivi une formation.

– Et en quoi consiste ton travail exactement ?

– Nous nous occupons de traquer et tuer des vampires, neutraliser des loups en cavale qui peuvent s’avérer dangereux ou amener ceux qui ne savent pas ce qu’ils sont au sein de la meute principale. Mais j’ai aussi joué les gardes du corps une fois.

– Moi je n’ai pas vraiment d’idées pour plus tard.

– Tu veux voir quoi comme film?

– Avengers.

– Je croyais que tu aimais les trucs plus… enfin, plus « fille ».

– C’est ça. Et pourquoi pas les bisounours?

 

Ils arrivent au cinéma et il insiste pour payer les billets. Elle note que son capuchon, assez large, dissimule la partie droite de son visage sans qu’on puisse le trouver louche.

Elle entr’aperçoit soudain une camarade de son cours d’espagnol qui la dévisage avec curiosité. Zut. C’est la pire pipelette du lycée, elle est à l’origine du 3/4 des rumeurs qui y circulent. Ilona aura à se justifier plus tard.

 

Nathan lui offre une boisson et une glace. Il se prend la même chose ainsi qu’un paquet de pop-corn à partager.

– Je viens de voir une connaissance…

– Ah ouais ? T’auras qu’à lui dire qu’on est ami, ta réputation sera intacte.

– Elle ne me croira jamais.

– Tu ne sais pas mentir ? s’étonna-t-il

Ils s’installent dans les fauteuils situés tout à l’arrière, car il aime avoir une vue d’ensemble sur la salle.

– Non, je préfère rester honnête d’habitude, ironise-t-elle.

– Je vais t’apprendre : déjà tu ne dois pas détourner ou cligner des yeux, sinon c’est trop suspect. Regarde-la bien en face et parle-lui sans buter sur les mots. Ensuite, évite de tripoter tes mains, ou de te dandiner. Puis n’insiste pas si elle te vanne. Elle verra que ça ne t’affecte pas et en déduira que je ne suis qu’un pote. Argumenter la conforterait dans l’idée que je sors avec toi.

-Est-ce que tu as dû suivre des cours pour apprendre à mentir aux humains durant ta formation ?

-Bin, en réalité je devais justifier mes retards répétitifs à mes parents le soir.

Elle s’étouffe de rire en buvant son coca. Le film commence.

 

Deux heures, deux glaces et un pop-corn plus tard ils sortent du cinéma.

– Ça te dérange si je ne te prends pas la main ? J’ai la peau plus sensible que les humains et ça me stresse, les contacts physiques…

– Et moi je n’aime pas les démonstrations d’affections au milieu de la rue.

– Je crois qu’on est faits pour s’entendre, lui sourit-il.

– Oui. (Elle est songeuse un instant.) Mais alors, comment fais-tu pour coucher avec quelqu’un ?

Il trébuche.

– Hein ?! Tu penses à quoi là?!

 

Elle hausse les épaules.

– Pure curiosité scientifique. Ça m’intéresse d’en savoir plus sur ton peuple et toi.

Il la regarde de travers et ils continuent à marcher. Le soleil va bientôt se coucher et les passants se dépêchent de rentrer chez eux, contrairement au couple qui flâne.

– Plus je suis longtemps avec une personne, plus je m’habitue à elle, à son odeur, à sa présence… Mais c’est plus simple avec quelqu’un de mon espèce.

 

Il s’arrête brusquement, pris d’un énorme doute.

– Qu’est-ce que tu as ?

– Tu… t’as quel âge Ilona ?

– Dix-huit ans. Pourquoi ?

– Ouf ! Non, pour rien, mais si tu avais été mineure…

– T’aurais rompu ?!

– Non. J’aurais attendu avant de faire ça.

– Ça ?

– Ça !

Il la pousse dans l’ombre d’une ruelle et lui bloque les épaules contre le mur. Il se penche lentement sur ses lèvres et elle lui entoure le cou de ses mains, charmée.

 

 

– Tu rentres à cette heure-ci ?

Il est temps de mettre en pratique les conseils de Nathan : Ilona respire calmement et regarde sa mère dans les yeux, tout en se débarrassant de son manteau.

– J’ai croisé un ami, on s’est maté un ciné.

– Et mes courses ?

– Les voilà.

 

Elle tend le cornet à sa mère et monte dans sa chambre, jubilant de l’avoir bluffée.

– Un « ami », hein ? ricane Jenna, appuyée contre la rambarde de l’escalier. On va te croire, tiens !

– C’est un pote. Mais pour toi, un mec, c’est à usage unique, comme les mouchoirs. Je me trompe ?

 

Sa soeur rougit et s’enferme dans sa chambre. Elle va certainement revenir à la charge, ou se plaindre à leur mère, mais Ilona ne se laissera pas faire. Elle entre dans sa propre chambre et ôte son écharpe devant la glace. Elle remarque une rougeur à la base de son cou, qui ne peut pas être un suçon vu que Nathan l’a juste embrassée. Bah, ça ne doit pas être important. Elle le cachera avec du fond de teint.

 

Elle est sur un petit nuage, car son chéri reste encore le lendemain. Elle pourra manger au restaurant avec lui, ou se balader peut-être ? Comment se préoccuper d’une rougeur quand on vient d’être embrassée par la personne qu’on aime ?

 

C’est néanmoins une grave erreur. Car pendant cette nuit -la nuit précédant celle de Noël – Ilona se lève, obéissant à une voix et sort dans le froid pour accomplir un dessein méconnu.

Au matin, elle ne se souviendra de rien.

 

À suivre

 

 

Note de l’auteur : Les personnes entre 16 et 25 ans reconnaîtront peut-être le titre ! Je n’avais pas du tout fait le rapprochement au début et quand je m’en suis rendu compte, j’ai décidé de le garder, c’est un petit clin d’œil. Pour ceux qui n’ont pas compris, je vous donne un indice : ça a un lien avec le nom de l’héroine…

Joyeux Noël à tous !

Noël, que du bonheur (Partie 1)

Noël, que du bonheur (Partie 1)

 

Une fine couche de neige recouvre Maxim Street. Les arbres, d’où pendent des stalactites, sont gelés, donnant au paysage un air de conte de fées. Ilona Simmons, les joues rougies par le froid, est emmitouflée dans une veste chaude, un bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles et une écharpe autour du cou. Elle a attaché ses cheveux en une tresse indienne.

 

À première vue, cette jolie fille en terminale rassemble toutes les caractéristiques pour être une de ces filles mignonnes –et qui le sait –, pom pom girl et cruche sur les bords.

 

Mais pas Ilona. C’est plutôt sa petite soeur qui est comme ça. Elle lui a piqué son copain (bon, OK, sans s’en rendre compte), c’est une vraie tête de linotte et une fille superficielle. Elles ne s’entendent pas très bien. Ilona préfère son petit frère et sa grande soeur.

 

Elle sort son portable de sa poche pour vérifier encore une fois si elle n’a pas reçu de message. Depuis Halloween, elle sort plus ou moins avec un loup-garou tatoué et vaguement mortel. Le problème est qu’il vit à Yukon, au fin fond du nord du Canada, et qu’il n’envoie jamais de messages (ce qui rend le dialogue difficile).

 

Contrairement à elle qui a les yeux bleus et les cheveux blonds, il est noiraud et ses yeux ébène reflètent son âme de tueur. Toute la partie droite de son visage est couverte de tatouages aux motifs mystérieux qui signifient qu’il peut sortir du territoire des loups-garous.

Il ne lui a envoyé que deux messages en deux mois, mais hier elle a eu la surprise de recevoir quelques mots : demain j’arrive. A +

 

Elle ne sait pas où, quand ni comment. Elle a tenté de lui téléphoner, mais il n’a pas décroché.

Elle arrive à la hauteur de sa maison et entre. Sa mère lui fourre un sac à commission dans les mains, ainsi qu’un billet.

Oh non ! gémit la jeune femme. Je viens à peine de rentrer, et on se les gèle dehors.

-Ton frère et ta soeur ne sont pas encore rentrés.

-Mais Jenna est ici !

 

Sa mère met les mains sur les hanches et regarde sa fille avec sévérité, comme si elle venait de crier « motherfucker ».

– Ta soeur est allée pleurer dans sa chambre.

– On le saura qu’elle a un chagrin d’amour, grince Ilona.

– Que dis-tu?

– Si Steve n’avait pas disparu, je suis sûre qu’elle ne serait même plus avec. Et à part pleurer, elle ne fait pas grand-chose pour le retrouver.

– Ah oui ? Et par où commencerais-tu les recherches ? Il peut être n’importe où !

– Si c’est véritablement la personne que tu aimes, tu dois faire tout ton possible pour la revoir ! s’exclame Ilona un peu trop fort.

 

Sa mère hausse un sourcil.

– Tu n’es jamais tombée amoureuse… à moins que tu ne me dises pas tout.

– Non, maman, se reprend-elle. Je crois juste que Jenna se donne beaucoup de peine dans son rôle de tragédienne grec.

– Tu comprendras ce que sont les véritables sentiments un jour ma chérie, sourit-elle. Mais ça ne risque pas d’arriver si tu passes ton temps enfermée ici ! Tu ne sors pas beaucoup dernièrement. Je sais que tes futurs examens t’empêchent de penser à autre chose, mais fais un effort. Va au cinéma ou ailleurs.

– Tu veux m’obliger à m’amuser ?

– Oui. C’est un ordre !

 

Ilona souffle par le nez pour marquer son mécontentement, lâche son sac d’écoles par terre et sort en traînant les pieds. Elle ne veut pas discuter davantage de garçons avec sa mère, parler de Nathan encore moins, car :

  1. C’est un loup-garou.
  2. Il est couvert de tatouages.
  3. Il a poignardé son ex.
  4. Il ne veut pas qu’Ilona le présente à quiconque. Elle ne doit dire à personne qu’il existe, car il doit maintenir son existence secrète chez les humains.

 

Elle remonte la rue et se dirige vers les magasins. Elle traverse le grand parc près de chez elle, car le chemin est très joli en cette saison.

Mauvaise idée…

Inconsciente du grave danger qu’elle court, elle avance sur l’herbe gelée en zigzaguant entre les troncs, quand soudain elle entend un aboiement. Elle s’arrête, surprise, puis continue son chemin en haussant les épaules.

 

Quelques secondes après, elle voit surgir un homme d’entre les arbres. Il est plus grand qu’elle d’une tête et demie, blond et à une peau translucide. Ilona a un mouvement de recul en le voyant, car il est très impressionnant, avec ses yeux rouges et ses habits sombres et sales.

 

Détail sordide, il n’a ni chaussures ni chaussettes.

– Qui… qui êtes-vous ? bégaie-t-elle.

– Personne d’intéressant. Vous par contre, je pourrais vous utiliser… vous m’avez l’air prometteur.

– Pa… pardon ?

 

Il braque ses yeux inexpressifs vers l’endroit d’où il est venu et de nouveaux aboiements retentissent, plus proche. Il saisit Ilona par le bras et la tire du côté opposé. Elle essaie de se dégager, mais il a une poigne de fer et si elle ne veut pas être traînée par terre, elle doit suivre le rythme effréné de l’inconnu.

– Arrêtez! s’exclame-t-elle. Vous êtes barge ou quoi ?

 

Il s’arrête dans une clairière et elle se penche en avant, mains sur les genoux. Il a fait les Jeux olympiques ce mec ou quoi ?!

– Vous… vous êtes fou. Laissez-moi m’en aller ! Ou j’appelle la police !

 

Il la chope par le col et plaque son dos contre lui. Elle frissonne en sentant son souffle glacé sur sa nuque.

– Lâche-moi s’pèce de pervers !!!

Elle a beau se débattre, il lui a passé le bras autour du cou. Si elle bouge, elle a l’impression d’être étranglée. Ce mec forme une véritable cage vivante, on dirait qu’il est fait de métal.

– Ne bouge plus monstre. Tu es cerné.

 

Une dizaine de silhouettes encapuchonnées encerclent soudain Ilona et l’homme. Ils sont tous de haute taille, mais plus petits que le kidnappeur.

– Aidez-moi ! Je vous en prie !

– Ilona ?

 

Un des gars enlève sa capuche : Nathan, son loup-garou ! Elle est particulièrement contente de le voir, et pas seulement parce qu’elle l’adore. Il est très efficace en combat – elle l’a appris à ses dépens !

-Tu connais cette fille ? Qui est-ce ? Comment te connaît-elle ?

Ilona fronce les sourcils. C’est la voix d’une femme, venant de la droite du jeune homme.

 

Une rivale, déjà ?!

– Alors, Hommes-Loups… Vous connaissez cette jeune personne ? Elle a de l’importance à vos yeux ?

– Ne lui faites pas de mal, John ! dit Nathan. On va trouver une solution.

– Nathan ! On n’a pas besoin d’elle, une victime de plus ou de moins, quelle différence ?

– Mais…

– Obéis, ordonne la louve.

– Ursula, l’Alfa a dit : pas d’humain mort, intervient un autre.

 

Elle grogne comme un animal en colère :

– Mais il a aussi dit que les gens au courant de notre situation peuvent être réduits au silence s’ils nous mettent en danger.

Ilona lâche un cri terrifié ; lors de sa visite à Halloween, Nathan a omis de lui mentionner ce petit détail !

-Tu es censé me garder en vie Nathan ! Je sors avec toi, j’te signale.

Les gens portant des capuches se tournent vers lui comme un seul homme. Il tente de dissimuler sa gêne en toussant. La femme s’appelant Ursula murmure d’une voix sourde, chargée de colère :

– Tu sors… avec une simple humaine ? Avec le patrimoine génétique que tu as ? Tu sais qu’il y a des louves qui tueraient pour toi !? Que vont dire…

– Laisse mes parents en dehors de ça. Je ne suis jamais vraiment sorti avec elle. On a juste échangé nos numéros, rien de plus.

 

Ilona manque s’étrangler de rage. Comment ça, jamais sortis ensemble ? Bon, là-dessus il dit vrai, mais quand ils s’étaient vus à Halloween, il avait l’air de l’apprécier ! Et pas mal, même ! Elle va le dépecer quand elle réussira à échapper au vampire.

Qui sent le moisi. Bizarre. Et le renfermé. Beuh…

-Nathan, aide-moi. Je t’en prie…

Elle concentre toute sa peur dans son regard, le fixant d’un air de chien battu. Il déglutit en essayant de trouver une solution, mais ses compatriotes ne laisseront jamais filer un vampire surpuissant qu’ils traquent depuis des semaines pour une malheureuse humaine. Ça n’est pas de son ressort, car il y a le sang de centaines d’innocents sur les mains de l’immortel.

 

Il tente de jouer sa dernière carte :

– Elle était là au mauvais moment au mauvais endroit, Ursula. Ça ne la concerne pas.

– Vous ne m’avez pas un peu oublié ? fait John d’un ton sarcastique. Bon, on marchande ou pas ?

– Non. Tuez-la, on s’en fout, lâche Ursula.

Ilona sent un trou s’ouvrir dans sa poitrine. Elle va mourir. Et pas plus tard que maintenant.

 

Mais Ilona Simmons ne se laisse jamais abattre, alors elle ne se rendra pas sans blesser au moins une fois le grand blond qui chlingue.

 

– Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, hurle-t-elle.

Elle se débat pour échapper à l’étreinte de John et elle manque y arriver. Le loup le plus proche est à deux mètres et en se glissant sous le bras du vampire, elle pourrait le rejoindre.

 

Malheureusement, John, bien qu’étant un vieux vampire de 659 ans à l’ouïe très sensible, a plus d’un tour dans son sac. Il est exténué, car les loups le traquent depuis longtemps. Il était désavantagé, car il devait se cacher dans des grottes pendant la journée (d’où l’odeur bizarre) et il a juste pu s’enfuir aujourd’hui, car le ciel était couvert.

 

L’otage qu’il a capturé peut quand même lui être utile malgré le fait que les loups ne veuillent pas la sauver.

Tandis qu’elle s’enfuit, il la chope pour la deuxième fois par le col et fait la seule chose à faire dans sa situation : il pose ses lèvres rêches sur la peau de la jeune fille et enfonce ses canines pointues dans une veine bleue de son cou tendre.

Happy Halloween (Partie 2)

Happy Halloween (Partie 2)

 

La silhouette encapuchonnée lève immédiatement les yeux vers le premier étage, tous ses sens en alerte.

Narines dilatées, il sait de suite que c’est une fille. Elle sent la crème hydratante, des habits en polyester et elle s’est lavé les cheveux avec du shampoing à la mûre.

Pas de témoin, c’est ce qu’on lui a ordonné.

Il essuie son couteau sur son pantalon et, confiant, commence à gravir les marches.

Il est donc très surpris, quand il se ramasse une serpillère dans la figure. (Après avoir battu son ex à coup de parapluie, Ilona n’est plus à ça près !)

L’homme vacille, déséquilibré, et manque tomber. Elle lui assène alors un coup de serpillère décisif en plein ventre. Cette fois-ci, il ne peut se rattraper à la rampe; il roule en bas des escaliers et se cogne la tête contre un meuble.

Ilona le contourne en courant, se débat avec la serrure et sort, à pieds nus et en t-shirt, dans la rue. Elle réfléchit à la vitesse de la lumière pour considérer toutes les possibilités. La rue est pleine de gens, des enfants innocents et des parents. Personne ne saurait comment gérer cette situation, elle aurait le temps de se faire égorger trois fois avant d’être aidée. Tout le monde crie, rit et s’amuse… aucune aide ne lui sera apportée.

Elle voit du coin de l’oeil l’homme en noir qui sort de sa maison. Tant pis!

Elle se jette dans la foule et essaie de se fondre dans la masse. Malheureusement, on dirait qu’il la suit parfaitement. Il parait même gagner du terrain. Ilona accélère le pas, elle pousse même quelqu’un pour passer.

Malheureusement il n’y a pas que sa lenteur qui la désaventage : le goudron lui brûle les pied, le vent et le froid lui mordent les jambes.

Elle éternue et frissonne. Elle voit une rue transversale et elle se démène pour y arriver. Elle a tellement couru qu’elle ne sait plus où elle est.

Elle réussit à s’extraire de la foule, le meurtrier sur les talons. Elle prend la rue qu’elle avait vue et pique un sprint. Elle jubile. Elle est première de sa classe en course.

Sauf que lui peut aller bien plus vite qu’un simple humain. Cette pousuite ne l’a pas agacé, bien au contraire. Il s’est amusé à la faire courir et à la traquer à travers la foule. Son habilité, sa souplesse et sa rapidité hors du commun lui ont permis de rattraper la jeune femme en moins de deux. Il la ceinture du bras gauche.

Elle se débat. Pas question de se rendre sans lui avoir au moins démonté la tête! Il la retourne, la bloque contre le mur, lui écrasant le thorax de sa main. Peinant à respirer, elle essaie de se débattre. Il sort son couteau et elle s’affole. Sa main (vernie de rose) arrache la capuche de l’homme.

Là, elle ne peut plus bouger. Sa dernière pensée cohérente est : « Si c’est de l’hypnose, je me suis fais avoir comme une quiche! »

L’inconnu a un visage doux, la moitié droite mangée par un tatouage aux motifs celtiques. Mais ce qui retient l’attention d’Ilona, ce sont ses yeux noirs. On dirait deux abîmes. Deux puits sans fonds, dans lesquels elle se laisserait volontier noyer… La pupille et l’iris se confondent.

Un frisson lui parcourt l’échine.

Lui n’esquisse pas un geste non plus. Depuis des années, sa lame n’a jamais flanché, tranchant la chair sans relâche, jour après jour. Mais à l’instant où il a croisé son regard, il a su qu’il ne pourrait la toucher, lui faire du mal…

Il s’observent, ne bougent pas. Il n’y a pas d’animosité entre eux.

À part ce couteau, toujours appuyé contre la gorge d’Ilona.

Il parait que les âmes-sœurs, ça n’existe pas. Mais alors, comment nommer ce lien spontané entre lui et Ilona ?

– Désolé, murmure-t-il, mais j’ai reçu des ordres.

Il ne bouge pas, pourtant. Elle non plus, elle attend qu’il pose son arme, car même si son estomac lui dit le contraire, elle est sûre qu’il ne lui fera rien.

– Hem… Tu… tu as… enfin tu connais Steve?

– C’était mon ex, fait-elle froidement.

Il hausse un sourcil, penche la tête de côté et décolle d’un millimètre la lame de son cou.

– C’était? répète-t-il.

L’homme (le jeune homme plutôt) ne retient qu’une chose : elle est célibataire!

– On a rompu. Et il faut dire qu’il est… mort.

– Mort? Non. Il va se régénérer. Fallait que je le… « neutralise », pour le ramener.

– Vous avez une façon TRÈS personnelle pour neutraliser. Et comment ça, il se régénère?

– Mais je lui ai dit de venir! Tu l’as entendu! Il voulait pas!

– T-t-t! Ça veut dire quoi, régénérer?!

Il sourit.

– Oh noooon! Aurait-il omis de te dire certaines choses à son sujet? À voir ta tête, oui.

– J’écoute.

Elle croise les bras et le fusille du regard. Il hausse un sourcil. Les yeux bleus, ça fait pas super effrayant.

Il rengaine son arme et ébouriffe ses cheveux d’ébène mi-longs. Elle ne peut s’empêcher de les comparer avec ceux de son ex: Steve les a bruns et en brosse, ce qui lui donne une tête débile, alors que ce magnifique… euh tueur, les a ondulés (ce qui lui va très bien).

– Pour commencer, je m’appelle Nathan Jones, j’ai 24 ans et je suis chasseur. Les tatouages sur mon visage –que tu n’arrêtes pas de fixer– ça veut dire que j’ai fini ma formation et que je n’ai pas besoin de perm’ pour voyager parmi vous, les humains.

Elle rougit –tout n’est pas perdu, pense-t-il– puis elle se fige.

– Parmi… les humains?

– Les loups-garous sont trop instables pour vivre… « normalement ». Nous sommes trop dangereux. Moi et mes collègues travaillons pour le gouvernement, nous pouvons nous promener dans votre monde lorsqu’on nous donne des missions. Notre actuel président est l’A.S.C.L.C.A, une abréviation pour l’Alfa Suprême et Chef Lycantrope du Continent Américain.

Ilona le dévisage. Taré… complétement taré. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin :

– Les loups « bâtards » –comme Steve– vivent parmi les humains sans réaliser à quel point ils peuvent être un problème si leur nature est révélée. On les recherche, on les contacte discrètement pour leur signaler qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent rejoindre la meute. Malheureusement certains refusent de venir et je dois les… « convaincre » de manière plus musclée.

– Bien sûûûûûr, fait Ilona d’un ton infantilisant. Et après, vous allez dans votre monde magique peuplé de loups-garous, de vampires et de magiciens pour faire la fête tous ensemble !

– Ne te fous pas trop de ma gueule, la prévient-il.

– Ensuite, les petites fées des bois vont illuminer des chanterelles magiques et danser la farandole!

– J’ai plutôt l’impression que c’est toi qui es illuminée.

Avant qu’elle ne continue sa tirade ironique, la main de Nathan se métamorphose.

En patte.

Avec de longues griffes.

Ilona retient son souffle. En un clin d’oeil, la patte redevient une main.

Silence. Une minute passe. Elle est trop choquée pour dire quoi que ce soit. Lui attend sa réaction.

– Mmmh. Je te crois maintenant.

Il a un petit sourire.

– Tu ne diras rien, n’est-ce pas ?

– Qui me croirait ?!

– Donne-moi ta parole !

– Quoi ? D’accord ! Je te jure que je parlerai de notre rencontre à personne.

– Bien. Je poursuis: Steve ne va pas mourir, il doit déjà être en train de se régénérer.

– C’est-à-dire?

– Il guérit très rapidement : dans une heure, il n’aura plus aucune marque.

– Dommage… murmure-t-elle.

Il hausse les sourcils mais n’ajoute rien.

– Viens, je te raccompagne chez toi, finit-il par lâcher.

Ils se dirigent en direction de la maison, mais ils doivent s’arrêter car Ilona tremble.

– Dé-désolée, bredouille-t-elle en claquant des dents. J’arrive plus à me contrôler.

– Ça doit être le choc. Tu as tellement couru…

Il hésite puis ôte son sweat, qu’il lui tend.

– Merci.

Elle l’enfile, encore tremblante, mais elle n’arrive toujours pas à avancer. Il lui entoure la taille du bras et l’aide à marcher. Elle tente de retrouver le contrôle de son corps, mais ce sont les muscles puissants de Nathan qui la soutiennent. Elle se laisse finalement aller contre son torse, pestant contre ses jambes qui la lâchent dans un moment pareil, et ils évitent soudain de se regarder dans les yeux. Ils contournent la rue principale –trop fréquentée– et arrivent chez Ilona.

– Tiens ! T’es passé par la porte cette fois.

– Très drôle. Bon… au travail.

Il la lâche -ce qu’elle regrette- puis s’agenouille auprès de Steve. Il sort une corde de sa poche et commence à lui ligoter les pieds.

Tout en s’activant, il lui parle:

– Comme y’a du sang partout, les flics vont évidemment te poser des questions. Faudra que tu leur dise ça: « J’ai entendu du bruit, comme une fenêtre qui se brise. Je suis descendue puis… plus rien. On m’a peut-être assommée. Je suis teeeellement inquiète ! Trouvez le coupable, je vous en priiiie! » Prend une voix d’hystérique et des yeux hagards, ça marchera encore mieux.

Elle le regarde attacher les poignets de son ex, ayant l’impression de rêver tant la situation est surréaliste.

– Euh…d’accord.

Il se lève et la regarde droit dans les yeux.

– Alors, hem… tu sortais avec lui?

– Ouais.

– Et tu ne savais rien sur sa véritable nature ?

– Non. Nous n’allions pas faire de longues balades romantiques pendant la pleine lune.

– Les loups-garous contôlent leur métamorphose depuis leur naissance. La pleine lune ne joue aucun rôle là-dedans.

Ilona a très bien repéré la lueur de jalousie dans les beaux yeux noirs de Nathan, quand il parle de Steve. Elle sait parfaitement qu’il éprouve quelque chose pour elle ; ils n’arrêtent pas de se lancer des regards en coin, de faire de discrètes allusions pour voir si l’autre réagit. Elle décide de passer à l’action :

– Eeeeet… ta ville, où est-ce qu’elle se situe?

Il se fige, méfiant. Il n’est pas censé révéler ce genre d’information.

– Pourquoi?

– Pour te revoir.

Il se fige encore un peu plus.

– Toi? Tu voudrais me revoir?!

Elle hausse les épaules.

– Il se pourrait bien que… oui.

Il roule des yeux, puis se passe la main dans les cheveux. Il oscille d’un pied sur l’autre, semble peser le pour et le contre, se mordant la lèvre.

– Ici, au Canada en réalité. À Yukon.

Elle a un sursaut d’horreur, mais laisse paraître un minimum d’émotion. Il fait vachement froid là-bas !

(Note de l’auteur : Ilona vit au sud du Canada, le Yukon est une région bien plus au nord.)

– Yu… Yukon. Bien.

Il sourit.

-C’est loin mais je peux reveni…

– Y’a une université à Yukon… je crois.

-Tu serais prête à aller étudier là-bas? s’étonne-t-il. Juste pour moi?

-Ouais. Ça se pourrait bien.

Il sourit encore et se rapproche d’Ilona. Il se penche vers elle et glisse son index sur sa chevelure d’or soyeuse. Il l’embrasse légèrement sur la joue, un courant électrique la traverse.

Soudain il soupire.

-Je ne veux pas qu’on te soupçonne. J’espère donc que tu me pardonneras pour ça.

-Quoi ça?

-Ça.

Il l’assomme.

 

 

Bref, Ilona est réveillée quelques heures plus tard par sa mère, qui lui administre de petites claques sur la joue afin qu’elle revienne à elle. Elle raconte aux policiers exactement ce que Nathan voulait qu’elle raconte, elle joue la comédie devant la nouvelle de l’enlèvement de Steve, puis s’enferme dans sa chambre.

Elle sort un papier de sa poche de pyjama : un numéro de portable accompagné de quelques mots y sont inscrit.

Je reviens te voir pendant les vacances de noël. Tu… je me réjouis de te… salut quoi. N.

Ilona presse la lettre contre son cœur. Deux mois… c’est une éternité…

 

À suivre

 

Note de l’auteur aux lecteurs : J’ai écrit ce texte il y a plus de quatre ans et je l’ai retravaillé il y a peu pour le publier spécialement pour halloween. J’ai corrigé les (nombreuses !) fautes d’orthographes et modifié un peu le scénario mais l’esprit de cette histoire est resté le même ! J’espère sincèrement que ça vous plaira, et que la suite vous intéressera également. Joyeux halloween !

Happy Halloween (Partie 1)

Happy Halloween (Partie 1)

 

Le vent souffle dans les arbres. Les lampadaires éclairent doucement Maxim Street. Les enfants courent de maisons en maisons, la bouche remplie de chocolats et de bonbons.

« Il » tire sur sa cigarette et jette un regard aux alentours. Sa proie n’est pas encore là. L’homme en noir n’a pas peur de la perdre dans la foule ou de la louper. Son odorat et son ouïe ne l’ont jamais trahi.

Dans une maison plus loin, Ilona coiffe ses parfaits cheveux blonds. Elle est seule, ses parents étant sortis pour manger chez des amis, avec sa sœur aînée, sa sœur cadette et son petit frère.

Elle inspecte son reflet dans le miroir : pom-pom girl de son état, les yeux bleus, le corps fin… le prototype de la fille parfaite.

Le prototype de la fille sans cervelle qui se fait massacrer dans la première scène des films d’horreur.

Ce soir, elle porte un short et un t-shirt noir moulant avec un ange aux lèvres rouges dégoulinantes de sang. Ce n’est pas Halloween tous les jours.

Elle va se mettre au lit lorsque soudain un bruit la fait se retourner.

Elle tend l’oreille, mais… plus rien.

Elle hausse les épaules, même si ses tripes lui disent que quelque chose de louche se trame.

Elle éteint la lumière, puis la rallume aussitôt, entendant encore un grattement.

– Qui est là?

Rien.

– Qui est là? Si c’est une blague, c’est pas drôle!

Toujours rien.

Ilona déglutit difficilement. Prenant son courage à deux mains, elle ouvre doucement la porte de sa chambre, centimètre par centimètre pour ne pas faire grincer le battant et alerter un éventuel intrus.

Le couloir est vide. Sombre. Ilona fronce les sourcils et sort de sa chambre, éteignant le plafonnier au passage.

Pas à pas, elle avance dans l’étroit corridor, la moquette l’aidant à être silencieuse. Quand elle arrive en haut de l’escalier, elle plisse les yeux pour distinguer quelque chose. Malheureusement, les rideaux au rez-de-chaussée sont tirés et aucune lumière ne filtre.

Le plus discrètement possible, elle descend les marches, et serrant les dents à chaque fois que le vieux bois craque. Pourvu qu’on ne me repère pas! pense-t-elle.

Inspectant le salon, la cuisine et les placards, elle finit par penser qu’elle est parano.

Elle remonte l’escalier quand elle se rend compte que des bruits de pas proviennent de sa chambre. Le coeur passant à 10’000 pulsations secondes, elle jette un oeil à sa porte. Quelqu’un y est entré et a rallumé le plafonnier.

Oh-ooooh. Elle se précipite dans le hall, saisit un parapluie et remonte en quatrième vitesse. Elle traverse le couloir à pas de loup puis elle saute contre la porte, qui s’ouvre sous l’impacte, et se jette sur l’inconnu en lui donnant de grands coups de parapluie.

– Ilona! Aïe! Arrête! Ouille! Stop!

Steve lui arrache le parapluie des mains pour éviter de se faire éborgner. Ilona se fige immédiatement.

Steve est son ex. Elle l’a largué, car il ne voulait dire à personne qu’ils étaient ensemble. Et en plus il ne parlait que de… ben, de ce qu’elle ne voulait pas faire parce qu’elle trouvait que c’était trop tôt.

Il était parti, furieux, claquant la porte.

Le lendemain, la soeur d’Ilona présentait son petit copain, avec qui elle sortait depuis deux mois -un record.

Devinez qui c’était? (Rrrrrroulement de tambourrrrr!) Steve! Et encore aujourd’hui, lui et la soeur d’Ilona filent le parfait amour.

Ce qui reste en travers de la gorge d’Ilona.

– Qu’est-ce que tu fais dans ma chambre, espèce de gorille sans cervelle?

– Je voulais te parler, alors je suis entré par la fenêtre.

– Oh! Évidemment, les portes, c’est tellement démodé!

– J’ai frappé, t’as pas répondu.

Ilona se fige. C’était donc lui. Elle croise les bras et le fusille du regard. Avant tout, conserver un minimum de dignité : elle est en tenue très, trèèèès légère tout de même!

– Peu importe, qu’est ce que tu veux, imbécile?

– Parler avec toi. De nous.

Elle lève les yeux aux ciel.

– Une seconde s’il te plait plaît, j’vais gerber.

– Arrête, tu sais que je n’aime que toi.

– Va te faire…

Avant qu’elle n’explose littéralement, Steve lui prend le visage à deux mains et l’embrasse.

Et il se ramasse un poing dans le ventre.

Les choses qu’Ilona lui dit ensuite sont censurées pour ne pas choquer un public sensible.

– Ilo, je te jure que…

– Non, je suis fatiguée de tout ça, je n’en peux plus.

Un grand fracas retentit et ils se figent. « Quelqu’un » a dû faire voler en éclat une fenêtre pour entrer.

Steve éteint la lumière et sort dans le couloir, Ilona sur les talons.

Il ouvre la porte d’un placard et la pousse à l’intérieur.

– Reste là. Je m’en charge.

– Non! chuchote-t-elle. Je peux très bien…

Il lui claque la porte au nez.

Entre les aspirateurs et les serpillères, elle cherche à tâton la poignée. Avec toute cette poussière, elle va éternuer!

D’où elle est, elle a une vue plongeante sur le salon. Steve parle avec un gars, tout vêtu de noir et le visage dissimulé par une capuche. L’homme en noir est un peu plus petit. Et moins imposant, moins musclé.

Plus le genre de type qui a une souplesse de chat et un cerveau affûté qu’un mec bodybuildé sans rien dans la boîte crânienne.

Ils sont en train de se disputer.

– Arrêtez de me gonfler avec ces histoire. Je n’ai pas besoins d’une « éducation ».

– Tu en as plus que besoin, siffle l’homme. Et si l’A.S.C.L.C.A. l’a décidé, tu viendras.

– Et qui va m’emmener, hein ? Toi ? Je dois faire le double de ton poids.

Ilona s’interroge. Qui est ce mec ? Et l’A.S.C… quelque chose ? Et pourquoi Steve aurait-il besoin d’une éducation –mis à part le fait que ce soit un crétin fini ?

– J’ai des arguments… de taille.

Et il sort un couteau de sa manche.

Ilona sent un hurlement monter dans sa gorge. Le visage arrogant de Steve pâlit. Ce couteau fait bien une trentaine de centimètre et est courbé, comme un sabre.

– Non…

– Oh que si, ricane l’autre. Suis-moi ou sinon je te decou…

Dans un élan de stupidité (ou de courage, c’est pareil), Steve s’élance sur l’homme en noir.

Il se prend la lame dans les côtes.

Ilona est terrifiée. Elle ne peut plus esquisser le moindre geste. On vient de poignarder son ex.

Ce dernier hoquète pitoyablement et s’affaisse lentement sur le sol. Du sang sort de sa bouche et elle pense juste « Maman va me faire la peau si elle trouve des taches sur la moquette. »

Elle se secoue. N’en a-t-elle tellement rien à faire de son ex qu’elle… pense au ménage? Non, ça doit être le stress… la panique, le choc.

Mais le tueur ne s’arrête pas en si bon chemin. Il sort la lame et la plante une deuxième fois.

Dans le ventre.

Steve s’évanouit et Ilona fait un truc.

LE truc qu’il ne faut pas faire dans ce genre de situation.

Elle gémit.

La silhouette encapuchonnée lève immédiatement les yeux vers le premier étage, tous ses sens en alerte.