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Happy Halloween (Partie 2)

Happy Halloween (Partie 2)

 

La silhouette encapuchonnée lève immédiatement les yeux vers le premier étage, tous ses sens en alerte.

Narines dilatées, il sait de suite que c’est une fille. Elle sent la crème hydratante, des habits en polyester et elle s’est lavé les cheveux avec du shampoing à la mûre.

Pas de témoin, c’est ce qu’on lui a ordonné.

Il essuie son couteau sur son pantalon et, confiant, commence à gravir les marches.

Il est donc très surpris, quand il se ramasse une serpillère dans la figure. (Après avoir battu son ex à coup de parapluie, Ilona n’est plus à ça près !)

L’homme vacille, déséquilibré, et manque tomber. Elle lui assène alors un coup de serpillère décisif en plein ventre. Cette fois-ci, il ne peut se rattraper à la rampe; il roule en bas des escaliers et se cogne la tête contre un meuble.

Ilona le contourne en courant, se débat avec la serrure et sort, à pieds nus et en t-shirt, dans la rue. Elle réfléchit à la vitesse de la lumière pour considérer toutes les possibilités. La rue est pleine de gens, des enfants innocents et des parents. Personne ne saurait comment gérer cette situation, elle aurait le temps de se faire égorger trois fois avant d’être aidée. Tout le monde crie, rit et s’amuse… aucune aide ne lui sera apportée.

Elle voit du coin de l’oeil l’homme en noir qui sort de sa maison. Tant pis!

Elle se jette dans la foule et essaie de se fondre dans la masse. Malheureusement, on dirait qu’il la suit parfaitement. Il parait même gagner du terrain. Ilona accélère le pas, elle pousse même quelqu’un pour passer.

Malheureusement il n’y a pas que sa lenteur qui la désaventage : le goudron lui brûle les pied, le vent et le froid lui mordent les jambes.

Elle éternue et frissonne. Elle voit une rue transversale et elle se démène pour y arriver. Elle a tellement couru qu’elle ne sait plus où elle est.

Elle réussit à s’extraire de la foule, le meurtrier sur les talons. Elle prend la rue qu’elle avait vue et pique un sprint. Elle jubile. Elle est première de sa classe en course.

Sauf que lui peut aller bien plus vite qu’un simple humain. Cette pousuite ne l’a pas agacé, bien au contraire. Il s’est amusé à la faire courir et à la traquer à travers la foule. Son habilité, sa souplesse et sa rapidité hors du commun lui ont permis de rattraper la jeune femme en moins de deux. Il la ceinture du bras gauche.

Elle se débat. Pas question de se rendre sans lui avoir au moins démonté la tête! Il la retourne, la bloque contre le mur, lui écrasant le thorax de sa main. Peinant à respirer, elle essaie de se débattre. Il sort son couteau et elle s’affole. Sa main (vernie de rose) arrache la capuche de l’homme.

Là, elle ne peut plus bouger. Sa dernière pensée cohérente est : « Si c’est de l’hypnose, je me suis fais avoir comme une quiche! »

L’inconnu a un visage doux, la moitié droite mangée par un tatouage aux motifs celtiques. Mais ce qui retient l’attention d’Ilona, ce sont ses yeux noirs. On dirait deux abîmes. Deux puits sans fonds, dans lesquels elle se laisserait volontier noyer… La pupille et l’iris se confondent.

Un frisson lui parcourt l’échine.

Lui n’esquisse pas un geste non plus. Depuis des années, sa lame n’a jamais flanché, tranchant la chair sans relâche, jour après jour. Mais à l’instant où il a croisé son regard, il a su qu’il ne pourrait la toucher, lui faire du mal…

Il s’observent, ne bougent pas. Il n’y a pas d’animosité entre eux.

À part ce couteau, toujours appuyé contre la gorge d’Ilona.

Il parait que les âmes-sœurs, ça n’existe pas. Mais alors, comment nommer ce lien spontané entre lui et Ilona ?

– Désolé, murmure-t-il, mais j’ai reçu des ordres.

Il ne bouge pas, pourtant. Elle non plus, elle attend qu’il pose son arme, car même si son estomac lui dit le contraire, elle est sûre qu’il ne lui fera rien.

– Hem… Tu… tu as… enfin tu connais Steve?

– C’était mon ex, fait-elle froidement.

Il hausse un sourcil, penche la tête de côté et décolle d’un millimètre la lame de son cou.

– C’était? répète-t-il.

L’homme (le jeune homme plutôt) ne retient qu’une chose : elle est célibataire!

– On a rompu. Et il faut dire qu’il est… mort.

– Mort? Non. Il va se régénérer. Fallait que je le… « neutralise », pour le ramener.

– Vous avez une façon TRÈS personnelle pour neutraliser. Et comment ça, il se régénère?

– Mais je lui ai dit de venir! Tu l’as entendu! Il voulait pas!

– T-t-t! Ça veut dire quoi, régénérer?!

Il sourit.

– Oh noooon! Aurait-il omis de te dire certaines choses à son sujet? À voir ta tête, oui.

– J’écoute.

Elle croise les bras et le fusille du regard. Il hausse un sourcil. Les yeux bleus, ça fait pas super effrayant.

Il rengaine son arme et ébouriffe ses cheveux d’ébène mi-longs. Elle ne peut s’empêcher de les comparer avec ceux de son ex: Steve les a bruns et en brosse, ce qui lui donne une tête débile, alors que ce magnifique… euh tueur, les a ondulés (ce qui lui va très bien).

– Pour commencer, je m’appelle Nathan Jones, j’ai 24 ans et je suis chasseur. Les tatouages sur mon visage –que tu n’arrêtes pas de fixer– ça veut dire que j’ai fini ma formation et que je n’ai pas besoin de perm’ pour voyager parmi vous, les humains.

Elle rougit –tout n’est pas perdu, pense-t-il– puis elle se fige.

– Parmi… les humains?

– Les loups-garous sont trop instables pour vivre… « normalement ». Nous sommes trop dangereux. Moi et mes collègues travaillons pour le gouvernement, nous pouvons nous promener dans votre monde lorsqu’on nous donne des missions. Notre actuel président est l’A.S.C.L.C.A, une abréviation pour l’Alfa Suprême et Chef Lycantrope du Continent Américain.

Ilona le dévisage. Taré… complétement taré. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin :

– Les loups « bâtards » –comme Steve– vivent parmi les humains sans réaliser à quel point ils peuvent être un problème si leur nature est révélée. On les recherche, on les contacte discrètement pour leur signaler qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent rejoindre la meute. Malheureusement certains refusent de venir et je dois les… « convaincre » de manière plus musclée.

– Bien sûûûûûr, fait Ilona d’un ton infantilisant. Et après, vous allez dans votre monde magique peuplé de loups-garous, de vampires et de magiciens pour faire la fête tous ensemble !

– Ne te fous pas trop de ma gueule, la prévient-il.

– Ensuite, les petites fées des bois vont illuminer des chanterelles magiques et danser la farandole!

– J’ai plutôt l’impression que c’est toi qui es illuminée.

Avant qu’elle ne continue sa tirade ironique, la main de Nathan se métamorphose.

En patte.

Avec de longues griffes.

Ilona retient son souffle. En un clin d’oeil, la patte redevient une main.

Silence. Une minute passe. Elle est trop choquée pour dire quoi que ce soit. Lui attend sa réaction.

– Mmmh. Je te crois maintenant.

Il a un petit sourire.

– Tu ne diras rien, n’est-ce pas ?

– Qui me croirait ?!

– Donne-moi ta parole !

– Quoi ? D’accord ! Je te jure que je parlerai de notre rencontre à personne.

– Bien. Je poursuis: Steve ne va pas mourir, il doit déjà être en train de se régénérer.

– C’est-à-dire?

– Il guérit très rapidement : dans une heure, il n’aura plus aucune marque.

– Dommage… murmure-t-elle.

Il hausse les sourcils mais n’ajoute rien.

– Viens, je te raccompagne chez toi, finit-il par lâcher.

Ils se dirigent en direction de la maison, mais ils doivent s’arrêter car Ilona tremble.

– Dé-désolée, bredouille-t-elle en claquant des dents. J’arrive plus à me contrôler.

– Ça doit être le choc. Tu as tellement couru…

Il hésite puis ôte son sweat, qu’il lui tend.

– Merci.

Elle l’enfile, encore tremblante, mais elle n’arrive toujours pas à avancer. Il lui entoure la taille du bras et l’aide à marcher. Elle tente de retrouver le contrôle de son corps, mais ce sont les muscles puissants de Nathan qui la soutiennent. Elle se laisse finalement aller contre son torse, pestant contre ses jambes qui la lâchent dans un moment pareil, et ils évitent soudain de se regarder dans les yeux. Ils contournent la rue principale –trop fréquentée– et arrivent chez Ilona.

– Tiens ! T’es passé par la porte cette fois.

– Très drôle. Bon… au travail.

Il la lâche -ce qu’elle regrette- puis s’agenouille auprès de Steve. Il sort une corde de sa poche et commence à lui ligoter les pieds.

Tout en s’activant, il lui parle:

– Comme y’a du sang partout, les flics vont évidemment te poser des questions. Faudra que tu leur dise ça: « J’ai entendu du bruit, comme une fenêtre qui se brise. Je suis descendue puis… plus rien. On m’a peut-être assommée. Je suis teeeellement inquiète ! Trouvez le coupable, je vous en priiiie! » Prend une voix d’hystérique et des yeux hagards, ça marchera encore mieux.

Elle le regarde attacher les poignets de son ex, ayant l’impression de rêver tant la situation est surréaliste.

– Euh…d’accord.

Il se lève et la regarde droit dans les yeux.

– Alors, hem… tu sortais avec lui?

– Ouais.

– Et tu ne savais rien sur sa véritable nature ?

– Non. Nous n’allions pas faire de longues balades romantiques pendant la pleine lune.

– Les loups-garous contôlent leur métamorphose depuis leur naissance. La pleine lune ne joue aucun rôle là-dedans.

Ilona a très bien repéré la lueur de jalousie dans les beaux yeux noirs de Nathan, quand il parle de Steve. Elle sait parfaitement qu’il éprouve quelque chose pour elle ; ils n’arrêtent pas de se lancer des regards en coin, de faire de discrètes allusions pour voir si l’autre réagit. Elle décide de passer à l’action :

– Eeeeet… ta ville, où est-ce qu’elle se situe?

Il se fige, méfiant. Il n’est pas censé révéler ce genre d’information.

– Pourquoi?

– Pour te revoir.

Il se fige encore un peu plus.

– Toi? Tu voudrais me revoir?!

Elle hausse les épaules.

– Il se pourrait bien que… oui.

Il roule des yeux, puis se passe la main dans les cheveux. Il oscille d’un pied sur l’autre, semble peser le pour et le contre, se mordant la lèvre.

– Ici, au Canada en réalité. À Yukon.

Elle a un sursaut d’horreur, mais laisse paraître un minimum d’émotion. Il fait vachement froid là-bas !

(Note de l’auteur : Ilona vit au sud du Canada, le Yukon est une région bien plus au nord.)

– Yu… Yukon. Bien.

Il sourit.

-C’est loin mais je peux reveni…

– Y’a une université à Yukon… je crois.

-Tu serais prête à aller étudier là-bas? s’étonne-t-il. Juste pour moi?

-Ouais. Ça se pourrait bien.

Il sourit encore et se rapproche d’Ilona. Il se penche vers elle et glisse son index sur sa chevelure d’or soyeuse. Il l’embrasse légèrement sur la joue, un courant électrique la traverse.

Soudain il soupire.

-Je ne veux pas qu’on te soupçonne. J’espère donc que tu me pardonneras pour ça.

-Quoi ça?

-Ça.

Il l’assomme.

 

 

Bref, Ilona est réveillée quelques heures plus tard par sa mère, qui lui administre de petites claques sur la joue afin qu’elle revienne à elle. Elle raconte aux policiers exactement ce que Nathan voulait qu’elle raconte, elle joue la comédie devant la nouvelle de l’enlèvement de Steve, puis s’enferme dans sa chambre.

Elle sort un papier de sa poche de pyjama : un numéro de portable accompagné de quelques mots y sont inscrit.

Je reviens te voir pendant les vacances de noël. Tu… je me réjouis de te… salut quoi. N.

Ilona presse la lettre contre son cœur. Deux mois… c’est une éternité…

 

À suivre

 

Note de l’auteur aux lecteurs : J’ai écrit ce texte il y a plus de quatre ans et je l’ai retravaillé il y a peu pour le publier spécialement pour halloween. J’ai corrigé les (nombreuses !) fautes d’orthographes et modifié un peu le scénario mais l’esprit de cette histoire est resté le même ! J’espère sincèrement que ça vous plaira, et que la suite vous intéressera également. Joyeux halloween !

Happy Halloween (Partie 1)

Happy Halloween (Partie 1)

 

Le vent souffle dans les arbres. Les lampadaires éclairent doucement Maxim Street. Les enfants courent de maisons en maisons, la bouche remplie de chocolats et de bonbons.

« Il » tire sur sa cigarette et jette un regard aux alentours. Sa proie n’est pas encore là. L’homme en noir n’a pas peur de la perdre dans la foule ou de la louper. Son odorat et son ouïe ne l’ont jamais trahi.

Dans une maison plus loin, Ilona coiffe ses parfaits cheveux blonds. Elle est seule, ses parents étant sortis pour manger chez des amis, avec sa sœur aînée, sa sœur cadette et son petit frère.

Elle inspecte son reflet dans le miroir : pom-pom girl de son état, les yeux bleus, le corps fin… le prototype de la fille parfaite.

Le prototype de la fille sans cervelle qui se fait massacrer dans la première scène des films d’horreur.

Ce soir, elle porte un short et un t-shirt noir moulant avec un ange aux lèvres rouges dégoulinantes de sang. Ce n’est pas Halloween tous les jours.

Elle va se mettre au lit lorsque soudain un bruit la fait se retourner.

Elle tend l’oreille, mais… plus rien.

Elle hausse les épaules, même si ses tripes lui disent que quelque chose de louche se trame.

Elle éteint la lumière, puis la rallume aussitôt, entendant encore un grattement.

– Qui est là?

Rien.

– Qui est là? Si c’est une blague, c’est pas drôle!

Toujours rien.

Ilona déglutit difficilement. Prenant son courage à deux mains, elle ouvre doucement la porte de sa chambre, centimètre par centimètre pour ne pas faire grincer le battant et alerter un éventuel intrus.

Le couloir est vide. Sombre. Ilona fronce les sourcils et sort de sa chambre, éteignant le plafonnier au passage.

Pas à pas, elle avance dans l’étroit corridor, la moquette l’aidant à être silencieuse. Quand elle arrive en haut de l’escalier, elle plisse les yeux pour distinguer quelque chose. Malheureusement, les rideaux au rez-de-chaussée sont tirés et aucune lumière ne filtre.

Le plus discrètement possible, elle descend les marches, et serrant les dents à chaque fois que le vieux bois craque. Pourvu qu’on ne me repère pas! pense-t-elle.

Inspectant le salon, la cuisine et les placards, elle finit par penser qu’elle est parano.

Elle remonte l’escalier quand elle se rend compte que des bruits de pas proviennent de sa chambre. Le coeur passant à 10’000 pulsations secondes, elle jette un oeil à sa porte. Quelqu’un y est entré et a rallumé le plafonnier.

Oh-ooooh. Elle se précipite dans le hall, saisit un parapluie et remonte en quatrième vitesse. Elle traverse le couloir à pas de loup puis elle saute contre la porte, qui s’ouvre sous l’impacte, et se jette sur l’inconnu en lui donnant de grands coups de parapluie.

– Ilona! Aïe! Arrête! Ouille! Stop!

Steve lui arrache le parapluie des mains pour éviter de se faire éborgner. Ilona se fige immédiatement.

Steve est son ex. Elle l’a largué, car il ne voulait dire à personne qu’ils étaient ensemble. Et en plus il ne parlait que de… ben, de ce qu’elle ne voulait pas faire parce qu’elle trouvait que c’était trop tôt.

Il était parti, furieux, claquant la porte.

Le lendemain, la soeur d’Ilona présentait son petit copain, avec qui elle sortait depuis deux mois -un record.

Devinez qui c’était? (Rrrrrroulement de tambourrrrr!) Steve! Et encore aujourd’hui, lui et la soeur d’Ilona filent le parfait amour.

Ce qui reste en travers de la gorge d’Ilona.

– Qu’est-ce que tu fais dans ma chambre, espèce de gorille sans cervelle?

– Je voulais te parler, alors je suis entré par la fenêtre.

– Oh! Évidemment, les portes, c’est tellement démodé!

– J’ai frappé, t’as pas répondu.

Ilona se fige. C’était donc lui. Elle croise les bras et le fusille du regard. Avant tout, conserver un minimum de dignité : elle est en tenue très, trèèèès légère tout de même!

– Peu importe, qu’est ce que tu veux, imbécile?

– Parler avec toi. De nous.

Elle lève les yeux aux ciel.

– Une seconde s’il te plait plaît, j’vais gerber.

– Arrête, tu sais que je n’aime que toi.

– Va te faire…

Avant qu’elle n’explose littéralement, Steve lui prend le visage à deux mains et l’embrasse.

Et il se ramasse un poing dans le ventre.

Les choses qu’Ilona lui dit ensuite sont censurées pour ne pas choquer un public sensible.

– Ilo, je te jure que…

– Non, je suis fatiguée de tout ça, je n’en peux plus.

Un grand fracas retentit et ils se figent. « Quelqu’un » a dû faire voler en éclat une fenêtre pour entrer.

Steve éteint la lumière et sort dans le couloir, Ilona sur les talons.

Il ouvre la porte d’un placard et la pousse à l’intérieur.

– Reste là. Je m’en charge.

– Non! chuchote-t-elle. Je peux très bien…

Il lui claque la porte au nez.

Entre les aspirateurs et les serpillères, elle cherche à tâton la poignée. Avec toute cette poussière, elle va éternuer!

D’où elle est, elle a une vue plongeante sur le salon. Steve parle avec un gars, tout vêtu de noir et le visage dissimulé par une capuche. L’homme en noir est un peu plus petit. Et moins imposant, moins musclé.

Plus le genre de type qui a une souplesse de chat et un cerveau affûté qu’un mec bodybuildé sans rien dans la boîte crânienne.

Ils sont en train de se disputer.

– Arrêtez de me gonfler avec ces histoire. Je n’ai pas besoins d’une « éducation ».

– Tu en as plus que besoin, siffle l’homme. Et si l’A.S.C.L.C.A. l’a décidé, tu viendras.

– Et qui va m’emmener, hein ? Toi ? Je dois faire le double de ton poids.

Ilona s’interroge. Qui est ce mec ? Et l’A.S.C… quelque chose ? Et pourquoi Steve aurait-il besoin d’une éducation –mis à part le fait que ce soit un crétin fini ?

– J’ai des arguments… de taille.

Et il sort un couteau de sa manche.

Ilona sent un hurlement monter dans sa gorge. Le visage arrogant de Steve pâlit. Ce couteau fait bien une trentaine de centimètre et est courbé, comme un sabre.

– Non…

– Oh que si, ricane l’autre. Suis-moi ou sinon je te decou…

Dans un élan de stupidité (ou de courage, c’est pareil), Steve s’élance sur l’homme en noir.

Il se prend la lame dans les côtes.

Ilona est terrifiée. Elle ne peut plus esquisser le moindre geste. On vient de poignarder son ex.

Ce dernier hoquète pitoyablement et s’affaisse lentement sur le sol. Du sang sort de sa bouche et elle pense juste « Maman va me faire la peau si elle trouve des taches sur la moquette. »

Elle se secoue. N’en a-t-elle tellement rien à faire de son ex qu’elle… pense au ménage? Non, ça doit être le stress… la panique, le choc.

Mais le tueur ne s’arrête pas en si bon chemin. Il sort la lame et la plante une deuxième fois.

Dans le ventre.

Steve s’évanouit et Ilona fait un truc.

LE truc qu’il ne faut pas faire dans ce genre de situation.

Elle gémit.

La silhouette encapuchonnée lève immédiatement les yeux vers le premier étage, tous ses sens en alerte.