Happy Halloween (Partie 1)

Happy Halloween (Partie 1)

 

Le vent souffle dans les arbres. Les lampadaires éclairent doucement Maxim Street. Les enfants courent de maisons en maisons, la bouche remplie de chocolats et de bonbons.

« Il » tire sur sa cigarette et jette un regard aux alentours. Sa proie n’est pas encore là. L’homme en noir n’a pas peur de la perdre dans la foule ou de la louper. Son odorat et son ouïe ne l’ont jamais trahi.

Dans une maison plus loin, Ilona coiffe ses parfaits cheveux blonds. Elle est seule, ses parents étant sortis pour manger chez des amis, avec sa sœur aînée, sa sœur cadette et son petit frère.

Elle inspecte son reflet dans le miroir : pom-pom girl de son état, les yeux bleus, le corps fin… le prototype de la fille parfaite.

Le prototype de la fille sans cervelle qui se fait massacrer dans la première scène des films d’horreur.

Ce soir, elle porte un short et un t-shirt noir moulant avec un ange aux lèvres rouges dégoulinantes de sang. Ce n’est pas Halloween tous les jours.

Elle va se mettre au lit lorsque soudain un bruit la fait se retourner.

Elle tend l’oreille, mais… plus rien.

Elle hausse les épaules, même si ses tripes lui disent que quelque chose de louche se trame.

Elle éteint la lumière, puis la rallume aussitôt, entendant encore un grattement.

– Qui est là?

Rien.

– Qui est là? Si c’est une blague, c’est pas drôle!

Toujours rien.

Ilona déglutit difficilement. Prenant son courage à deux mains, elle ouvre doucement la porte de sa chambre, centimètre par centimètre pour ne pas faire grincer le battant et alerter un éventuel intrus.

Le couloir est vide. Sombre. Ilona fronce les sourcils et sort de sa chambre, éteignant le plafonnier au passage.

Pas à pas, elle avance dans l’étroit corridor, la moquette l’aidant à être silencieuse. Quand elle arrive en haut de l’escalier, elle plisse les yeux pour distinguer quelque chose. Malheureusement, les rideaux au rez-de-chaussée sont tirés et aucune lumière ne filtre.

Le plus discrètement possible, elle descend les marches, et serrant les dents à chaque fois que le vieux bois craque. Pourvu qu’on ne me repère pas! pense-t-elle.

Inspectant le salon, la cuisine et les placards, elle finit par penser qu’elle est parano.

Elle remonte l’escalier quand elle se rend compte que des bruits de pas proviennent de sa chambre. Le coeur passant à 10’000 pulsations secondes, elle jette un oeil à sa porte. Quelqu’un y est entré et a rallumé le plafonnier.

Oh-ooooh. Elle se précipite dans le hall, saisit un parapluie et remonte en quatrième vitesse. Elle traverse le couloir à pas de loup puis elle saute contre la porte, qui s’ouvre sous l’impacte, et se jette sur l’inconnu en lui donnant de grands coups de parapluie.

– Ilona! Aïe! Arrête! Ouille! Stop!

Steve lui arrache le parapluie des mains pour éviter de se faire éborgner. Ilona se fige immédiatement.

Steve est son ex. Elle l’a largué, car il ne voulait dire à personne qu’ils étaient ensemble. Et en plus il ne parlait que de… ben, de ce qu’elle ne voulait pas faire parce qu’elle trouvait que c’était trop tôt.

Il était parti, furieux, claquant la porte.

Le lendemain, la soeur d’Ilona présentait son petit copain, avec qui elle sortait depuis deux mois -un record.

Devinez qui c’était? (Rrrrrroulement de tambourrrrr!) Steve! Et encore aujourd’hui, lui et la soeur d’Ilona filent le parfait amour.

Ce qui reste en travers de la gorge d’Ilona.

– Qu’est-ce que tu fais dans ma chambre, espèce de gorille sans cervelle?

– Je voulais te parler, alors je suis entré par la fenêtre.

– Oh! Évidemment, les portes, c’est tellement démodé!

– J’ai frappé, t’as pas répondu.

Ilona se fige. C’était donc lui. Elle croise les bras et le fusille du regard. Avant tout, conserver un minimum de dignité : elle est en tenue très, trèèèès légère tout de même!

– Peu importe, qu’est ce que tu veux, imbécile?

– Parler avec toi. De nous.

Elle lève les yeux aux ciel.

– Une seconde s’il te plait plaît, j’vais gerber.

– Arrête, tu sais que je n’aime que toi.

– Va te faire…

Avant qu’elle n’explose littéralement, Steve lui prend le visage à deux mains et l’embrasse.

Et il se ramasse un poing dans le ventre.

Les choses qu’Ilona lui dit ensuite sont censurées pour ne pas choquer un public sensible.

– Ilo, je te jure que…

– Non, je suis fatiguée de tout ça, je n’en peux plus.

Un grand fracas retentit et ils se figent. « Quelqu’un » a dû faire voler en éclat une fenêtre pour entrer.

Steve éteint la lumière et sort dans le couloir, Ilona sur les talons.

Il ouvre la porte d’un placard et la pousse à l’intérieur.

– Reste là. Je m’en charge.

– Non! chuchote-t-elle. Je peux très bien…

Il lui claque la porte au nez.

Entre les aspirateurs et les serpillères, elle cherche à tâton la poignée. Avec toute cette poussière, elle va éternuer!

D’où elle est, elle a une vue plongeante sur le salon. Steve parle avec un gars, tout vêtu de noir et le visage dissimulé par une capuche. L’homme en noir est un peu plus petit. Et moins imposant, moins musclé.

Plus le genre de type qui a une souplesse de chat et un cerveau affûté qu’un mec bodybuildé sans rien dans la boîte crânienne.

Ils sont en train de se disputer.

– Arrêtez de me gonfler avec ces histoire. Je n’ai pas besoins d’une « éducation ».

– Tu en as plus que besoin, siffle l’homme. Et si l’A.S.C.L.C.A. l’a décidé, tu viendras.

– Et qui va m’emmener, hein ? Toi ? Je dois faire le double de ton poids.

Ilona s’interroge. Qui est ce mec ? Et l’A.S.C… quelque chose ? Et pourquoi Steve aurait-il besoin d’une éducation –mis à part le fait que ce soit un crétin fini ?

– J’ai des arguments… de taille.

Et il sort un couteau de sa manche.

Ilona sent un hurlement monter dans sa gorge. Le visage arrogant de Steve pâlit. Ce couteau fait bien une trentaine de centimètre et est courbé, comme un sabre.

– Non…

– Oh que si, ricane l’autre. Suis-moi ou sinon je te decou…

Dans un élan de stupidité (ou de courage, c’est pareil), Steve s’élance sur l’homme en noir.

Il se prend la lame dans les côtes.

Ilona est terrifiée. Elle ne peut plus esquisser le moindre geste. On vient de poignarder son ex.

Ce dernier hoquète pitoyablement et s’affaisse lentement sur le sol. Du sang sort de sa bouche et elle pense juste « Maman va me faire la peau si elle trouve des taches sur la moquette. »

Elle se secoue. N’en a-t-elle tellement rien à faire de son ex qu’elle… pense au ménage? Non, ça doit être le stress… la panique, le choc.

Mais le tueur ne s’arrête pas en si bon chemin. Il sort la lame et la plante une deuxième fois.

Dans le ventre.

Steve s’évanouit et Ilona fait un truc.

LE truc qu’il ne faut pas faire dans ce genre de situation.

Elle gémit.

La silhouette encapuchonnée lève immédiatement les yeux vers le premier étage, tous ses sens en alerte.

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